Rencontre avec Clément Levesque, fondateur d’Hablo, dont Quille Molle, jeu de quilles finlandaises d’intérieur, est le  premier produit.

En un clin d’oeil

La boite

Nom : Hablo
Créée en : 2017

Le Faiseur

Prénom, nom : Clément Levesque
Âge : 29 ans
Études : École de Design de Nantes

Imaginez que vous puissiez vous enjailler autour d’une partie de Molkky un soir d’hiver, et qui plus est, en appartement. Vous en rêviez ? Clément l’a fait !

Avec Quille Molle, cet ancien étudiant de l’Ecole de Design de Nantes a eu la brillante idée de réinventer l’usage du jeu de quilles finlandaises. Recouvertes d’une couche de feutre, les quilles peuvent s’entrechoquer sans bruit sur tous supports : carrelage, parquet, bitume, et autres.

Créatif dans l’âme et passionné par les problématiques d’usage, Clément ne compte pas s’arrêter là, puisque Quille Molle est le premier produit de l’agence de design Hablo, dont il est le fondateur.

Du prototype de Quille Molle (fabriqué à partir d’une tringle à rideaux), à la commercialisation du produit, en passant par sa vision de l’entrepreneuriat, Clément nous raconte l’histoire de ce projet atypique.

Quel est le pitch de Quille Molle ?

Quille Molle, c’est l’adaptation du célèbre jeu de quilles finlandaises pour jouer en intérieur. Les quilles en bois sont recouvertes de feutre, ce qui permet de jouer sur tout type de support, aussi bien sur du parquet, du carrelage, du bitume, etc. Quille Molle est fabriqué en France.

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Le projet Quille Molle est-il né d’un besoin personnel ?

Oui, tout à fait. Il y a quelques années, je possédais un jeu de pétanque d’intérieur avec lequel je m’amusais beaucoup. Malheureusement, celui-ci a péri dans une piscine… J’ai décidé de créer un autre jeu pour l’intérieur en m’inspirant notamment du jeu de quilles finlandaises pour lequel il y avait un véritable engouement déjà à l’époque. J’en ai fabriqué un pour moi et je l’emmenais avec moi en soirée. Les gens me demandaient où est-ce qu’on pouvait le trouver.

Alors, j’ai créé Quille Molle et j’ai recherché des sous-traitants pour fabriquer le jeu. En fait, Quille Molle est né d’un besoin d’usage que j’avais moi-même.

À ce moment-là, que faisais-tu dans la vie ?

Lorsque j’ai créé Quille Molle, j’étais déjà entrepreneur : il y a 4 ans, nous avons créé avec 3 autres copains, Volvert, une agence de sensibilisation au tri et à la réduction des déchets. Cette société est désormais en cours de clôture.

J’ai lancé Quille Molle en parallèle de cette première activité. Mais à ce stade, Quille Molle était un véritable test : c’était juste un jeu que je m’étais fabriqué pour moi, je souhaitais voir s’il plaisait aux autres et si le produit avait du potentiel.

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Quille Molle, c’est un projet que tu mènes seul ?

Depuis septembre dernier nous sommes deux. Avant, l’aventure Quille Molle, je la vivais seul. Mais je n’ai jamais été vraiment seul car j’apprends beaucoup à travers les gens que je rencontre et qui testent mon produit par la même occasion. Et puis je l’ai lancé via une campagne de crowdfunding, ce qui m’a permis de constituer très rapidement une communauté.

C’est très important d’être bien entouré. Pour ma part, beaucoup de personnes autour de moi m’accompagnent, m’épaulent et me motivent. Sans elles, je ne pourrais pas avancer.

Qui sont ces personnes ?

Elles sont soit issues du monde de l’entrepreneuriat, soit ce sont des sous-traitants, ou encore des personnes que j’ai rencontrées par le biais de mon ancienne société. Ce sont aussi mes proches, qui me soutiennent… et me supportent !

“Je voulais sortir mes propres produits. Le seul moyen d’y arriver était créer ma société.”

Est-ce que tu as déjà eu l’occasion d’être salarié ? Qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer dans l’entrepreneuriat ?

J’ai été salarié pendant 4 ans car j’ai fait une partie de mes études supérieures en apprentissage. Cela m’a permis d’avoir un pied dans le monde du travail et l’autre dans les études. N’étant pas scolaire, j’ai pu apprendre beaucoup de choses sur le terrain.

Au fur et à mesure de travailler pour des sociétés, j’ai ressenti le besoin de mettre en œuvre mes propres idées. En tant que designer produit, j’avais des idées plein la tête et mon rêve était de les proposer sans avoir à me battre contre une hiérarchie. En tant que salarié, j’ai bossé sur des thématiques souvent très pointues, alors que moi, je voulais être un peu plus dispersé sur la typologie de produits que j’avais envie de créer.

Finalement, l’entrepreneuriat, j’y suis venu un peu par défaut puisque je voulais sortir mes propres produits. Le seul moyen d’y arriver était créer ma société.

Tu dis que tu as fabriqué toi-même le premier jeu de Quille Molle, à quoi ressemblait-il ?

Pour fabriquer mon premier jeu, j’ai pris une tringle à rideaux et un manchon d’isolation de gaine de chauffage. A force de l’emmener en soirée, j’ai vu que ça plaisait. J’ai donc trouvé des sous-traitants français capables de l’industrialiser. J’ai dû faire pas mal de prototypes différents pour définir les bons matériaux.

Ta campagne de crowdfunding a été un succès. Comment fait-on pour réussir sa campagne de financement participatif ?

Qu’il s’agisse d’une campagne de financement participatif ou de précommande, il faut bien se préparer en amont pour être sûr que le produit que l’on souhaite lancer soit qualitatif et réponde à un vrai besoin.

J’ai beaucoup travaillé sur la communication pour faire en sorte que le produit soit connu avant qu’il soit lancé. Il faut énormément en parler autour de soi, quitte à y aller au culot. L’entrepreneuriat c’est ça aussi : se bouger pour rencontrer des journalistes, des chefs d’entreprises afin que le bouche à oreille s’opère. Il ne faut pas avoir peur de parler de son produit pour qu’une communauté se forme autour de celui-ci.

Quels ont été les leviers de communication qui ont participé à la réussite de ta campagne de crowdfunding ?

J’ai la chance d’avoir un produit qui est atypique et qui a beaucoup plu dès le début. Quille Molle a suscité beaucoup d’intérêt auprès des médias, notamment Le Bonbon, qui a parlé de Quille Molle sur toutes ses pages locales (Nantes, Toulouse, Bordeaux, Marseille, Lyon, Paris, etc.). Grâce à eux, j’ai pu faire connaître mon produit dans toute la France. Cela a donné un énorme coup de boost à la campagne et c’est ce qui m’a permis d’en vendre partout en France et même en Europe.

“Tous les matériaux sont fabriqués entre Bordeaux et Nantes. Le bois utilisé est du hêtre provenant des Pyrénées et retravaillé dans les Landes, le feutre vient de Angoulême, les lacets viennent de Cholet […]”

Concrètement, quels ont été les résultats de cette campagne ?

La campagne a duré un mois et a très bien porté ses fruits : j’avais besoin d’avoir 100 produits en précommande pour lancer la production. 300% de mon objectif ont été atteint, ce qui m’a permis de lancer la production mais aussi de générer un stock supplémentaire.

Quille Molle est fabriqué en France. D’où proviennent les matériaux ?

Tous les matériaux sont fabriqués entre Bordeaux et Nantes. Le bois utilisé est du hêtre provenant des Pyrénées et retravaillé dans les Landes, le feutre vient de Angoulême, les lacets viennent de Cholet, les stickers sont imprimés près de Nantes, les pochons sont confectionnés vers Paris. Cela fait partie du métier de designer de savoir comment et où sont fabriqués les produits.

Je défends la fabrication française car c’est important d’établir une relation avec les sous-traitants avec lesquels tu travailles. C’est un gain de temps pour résoudre d’éventuels problèmes tout en réduisant les intermédiaires.

Quille Molle est le premier produit de ton agence de design Hablo. Peux-tu nous en dire un peu plus sur cette agence ?

Hablo, c’est un mélange d’ « habile » et de « labo ». C’est donc un laboratoire d’idées malines. L’un de mes objectifs avec Quille Molle est de valider le fait que l’on puisse encore développer des produits qui répondent à des problématiques d’usage à l’heure du numérique et de la mondialisation.

La société a été créée en décembre dernier. L’idée est de développer divers produits répondant à des problématiques d’usage du quotidien. Je compte développer des produits pour bricoler, recycler, cuisiner, … Il y aura toujours une étape de co-conception avec les usagers et de précommandes pour valider l’intérêt de ces produits.

Où peut-on trouver Quille Molle ?

On peut commander Quille Molle sur le site. Le jeu est également distribué par de grands groupes comme Décathlon ou Leclerc.

L’entrepreneuriat, qu’est-ce que cela t’apprends sur toi-même ?

Cela m’apprend à me remettre en question constamment. Parfois, on pense être bon, avoir de bonnes idées, alors que non. Il faut être à l’écoute, accepter les critiques. J’essaie de me remettre en question tout le temps, d’être le plus objectif possible dans toutes mes actions.

“Je suis assez faignant. Et quand on est faignant, on essaie toujours de trouver une solution pour gagner du temps et faire le moins d’efforts possible. Mais pour cela, il faut déborder d’imagination et être créatif.”

Où puises-tu l’énergie pour mener ton projet ?

J’ai un caractère un peu hyperactif donc en termes d’énergie, j’ai des ressources assez conséquentes. L’énergie, je la trouve lorsque des gens me disent qu’ils ont passé de super moments à jouer à Quille Molle. Ça me rend super enthousiaste.

Sinon, c’est le fait d’échanger avec les gens : je rencontre beaucoup d’entrepreneurs, sur des activités complètement différentes. Actuellement, je partage mes locaux avec deux autres entreprises, l’une qui fait des chaussures, N’Go Shoes, et l’autre qui fait des sacoches, Les Petits Nomades. On rencontre tous les 3 des problématiques autour de nos produits et on s’apporte mutuellement de l’énergie, des compétences, des connaissances.

D’où te viennent cette capacité et cette envie d’imaginer des produits innovants ?

Premièrement, je suis quelqu’un d’assez bricoleur : j’ai reçu ma première caisse à outil pour mes 6 ans. Cela m’a permis de fabriquer mes propres jouets.

Par ailleurs, je suis assez faignant. Et quand on est faignant, on essaie toujours de trouver une solution pour gagner du temps et faire le moins d’efforts possible. Mais pour cela, il faut déborder d’imagination et être créatif. Les produits que je développe, ce sont des produits qui répondent à une problématique que je rencontre.

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Si tu avais un super pouvoir, ce serait lequel ?

Ce serait de pouvoir prototyper n’importe quel produit que j’ai en tête en l’espace d’une demie journée, voire, une heure.

Petit, tu voulais faire quel métier ?

Quand j’étais petit, je voulais être facteur car il ne travaillait que le matin et en plus il faisait du vélo. Je trouvais ça vachement cool !