Favoriser les rencontres grâce au sport, voilà tout l’enjeu de l’appli running OuiRun créée par Olivier, Augustin et François.

Ah courir ! Enfiler ses baskets et arpenter les rues, les joues rouges et le souffle court… contre vent et marée, sous la pluie ou en plein cagnard. Le footing fait bien souvent partie des résolutions de l’année, et pourtant, cette sage décision tombe généralement à l’eau quelques mois plus tard.

Heureusement, Olivier, Augustin et François ont eu LA bonne idée pour ne jamais abandonner ! Leur application OuiRun, lancée en 2016, met en relation des partenaires de course à pied et/ou de trail près de chez soi et par niveau. À deux ou en groupe, on est toujours plus motivés,
non ?

Les rencontres par le sport, le sport par les rencontres, voilà tout l’objectif de la plateforme OuiRun. En effet, la force de OuiRun repose sur l’esprit de communauté. Aujourd’hui, grâce à l’appli, 6 000 utilisateurs partagent leurs efforts dans toute la France.

Leurs fondateurs nous en disent plus sur l’histoire du projet, leur parcours, et leurs ambitions. Go !

OuiRun, qu’est-ce que c’est exactement ?

OuiRun, c’est la première application qui met en relation des partenaires de running et/ou de trail à son niveau, près de chez soi. Initialement, nous avons mis en place un système de « matching » pour des rencontres duo. Il y a quelques semaines, nous avons lancé une fonctionnalité de sessions qui permet aux utilisateurs d’organiser ou rejoindre des séances de running ou de trail à proximité de chez eux. À deux ou à plusieurs, OuiRun c’est la pratique sociale et ludique du running !

Comment est venue l’idée de créer OuiRun ?

Durant notre cursus, Olivier et moi devions développer un concept qui nous servait d’application pratique aux cours que nous étudions. Plus le temps avançait, plus nous nous sommes rendu compte du potentiel de notre concept sur un marché encore peu cloisonné. Nous avons donc décidé de nous lancer. Olivier a fait son stage de fin d’études sous la forme d’un semestre entrepreneurial pour s’occuper du lancement avec François.

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La French Tech nous attire beaucoup. Nous qui avions choisi ce cursus d’entrepreneuriat avions cette fibre ancrée en nous. Nous étions captivés par les réussites des entrepreneurs à succès tels que Jacques-Antoine Granjon, Michel de Rovira, Augustin Paluel-Marmont, Frédéric Mazzella, Teddy Pellerin et Mathieu Jacob. Ces entrepreneurs français qui font bouger les lignes grâce à l’innovation nous inspirent, mais nous pensons qu’un des facteurs clé de succès est de conserver son identité pour tracer le chemin vers cette fameuse vision qui nous est propre.

À qui s’adresse votre application ?

Notre application s’adresse à une cible très variée ! La course à pied est le sport le plus accessible, le plus universel. Quel que soit votre milieu socioprofessionnel, votre âge, votre sexe, vous pouvez courir. Du coureur occasionnel citadin au farouche traileur en passant par l’ultra marathonien ou le joueur de squash qui a besoin d’entretenir son cardio, on trouve vraiment de tout sur OuiRun. Avec le positionnement que nous avons choisi, nous ciblons aussi les non-coureurs. L’argument OuiRun est de dire qu’il est plus aisé de se motiver à se lever de son canapé pour aller courir avec quelqu’un que seul.

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Quel est votre rôle, à chacun, au sein de l’entreprise ? Vos études sont-elles en relation avec vos métiers respectifs ?

Nous n’avons pas de salariés, mais l’équipe est composée de 6 personnes : Olivier et moi qui gérons principalement les partenariats, la stratégie de communication, la finance et les affaires courantes de la start-up. François qui s’occupe de la veille stratégique et de la gestion de notre communauté. Grâce à son œil graphique, Joane travaille notre identité de marque et les designs de l’application. Et enfin Marion, community manager, anime nos comptes sur les réseaux sociaux à temps partiel, pour l’instant.

Nous nous efforçons de mettre en pratique ce que nous avons étudié lors de nos cursus respectifs. Je dirais qu’il y a une adéquation entre ce que nous avons étudié et ce que nous faisons. Toutefois, notre quotidien est rythmé par des imprévus (qu’ils soient positifs ou négatifs) et qui nécessitent une réactivité accrue. La réalisation de nos actions est donc partagée entre nos acquis purement scolaires, mais aussi et surtout par l’expérience que nous assimilons au quotidien sur le terrain.

“Là où les autres acteurs du marché se positionnent sur la performance ou l’approche ludique, nous mettons en avant des valeurs de partage dans l’effort.”

Êtes-vous amenés à travailler avec d’autres professionnels pour certains projets ?

Nous externalisons pour l’instant le développement de l’application à Innology, une start-up de développement applicatif. Innology, c’est un couple très impliqué dans notre projet : Monsieur code, Madame gère la partie relation client. Dès les prémices, nous avons noué une relation privilégiée avec eux. Au-delà du simple prestataire, ils sont devenus de réels partenaires avec lesquels nous collaborons étroitement. Il n’en demeure pas moins que le développement a un coût, c’est pourquoi la prochaine recrue de l’équipe sera un développeur afin de préparer l’internalisation de la technique.

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Quelles sont les valeurs que vous souhaitez défendre à travers OuiRun ?

La vision de l’équipe est de changer la manière dont les individus pratiquent et expérimentent la course à pied ensemble. Vous l’aurez compris, notre concept est fondé sur la communauté. Là où les autres acteurs du marché se positionnent sur la performance individuelle (statistiques, coaching) ou l’approche ludique (gaming, gratification), nous mettons en avant des valeurs de partage dans l’effort. Ce partage permet de se motiver, mais aussi d’améliorer ses performances ! Pourquoi voit-on de plus en plus de groupes de running fleurir actuellement ? Parce que l’émulation d’un entrainement en groupe permet de mémoriser une allure plus ambitieuse en vue d’une épreuve ou tout simplement pour s’améliorer.

Quels sont vos projets à moyen/long terme ?

De multiples développements sont à prévoir sur OuiRun : nous allons travailler l’expérience utilisateur cet été pour proposer un outil encore plus poussé (tout en restant simple d’utilisation) à la communauté.

Niveau partenariats, nous discutons avec des organisateurs de courses pour mettre en places des sessions sur OuiRun en amont des évènements.

Nous planchons également sur un service B2B. Partant du constat que les entreprises ont besoin d’intégrer le sport de manière pérenne dans leurs stratégies RH, nous avons pensé OuiRun Club, une adaptation de notre concept en marque blanche pour une clientèle business.

“L’entreprise est souvent décriée en France. Il existe de nombreuses mesures qui favorisent les initiatives et les prises de risque mais à côté de cela, on vit dans un pays ultra-normé.”

Comment vous organisez-vous dans votre travail ?

Chacun d’entre nous a son pôle d’action. Nous avons structuré la start-up petit à petit, mais sommes parfois obligés, lorsque des tâches l’imposent, de tous « mettre les mains dans le cambouis ».

Deux fois par semaine, les « brainstorun », des sessions running de l’équipe, font émerger des idées très créatives. En plus de cela, nous organisons un meeting d’équipe par semaine pour évaluer le travail accompli et les actions à mener, un de plus quand l’activité nous l’impose.

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Quelles sont les principales contraintes et difficultés que vous rencontrez au quotidien ?

Au départ, la difficulté a été de nous structurer, d’assigner des rôles précis à chacun d’entre nous. C’était capital, car cette division nous permet d’être plus efficaces et d’aller plus vite. Désormais la principale contrainte est de prioriser les tâches. On sait qu’il y a toujours 1000 choses à faire, l’important est de définir lesquelles sont les plus urgentes en fonction des objectifs, du temps requis pour chacune d’entre elles.

Quel regard portez-vous sur l’entrepreneuriat en France ?

L’entreprise est souvent décriée en France. On met en place de nombreuses mesures qui favorisent les initiatives, les prises de risque (parce qu’il ne faut pas oublier qu’entreprendre, c’est emprunter une voie risquée où l’incertitude domine), mais à côté de cela, on vit dans un pays ultra-normé, dans lequel certains lobbies font la loi.

Deux exemples m’ont beaucoup frappé : Ornikar, dont l’ambition était de proposer un permis de conduire à moins de 500€ qui s’est heurté aux syndicats d’auto-école omnipotents dont on connaît les pratiques parfois semblables à celles de la mafia. Plus récent : Heetch, qui comptait un nombre incalculable d’utilisateurs et qui, après de multiples démêlés avec la justice, a dû se résigner à couper son service pour cause de concurrence déloyale. Ces exemples sont édifiants du paradoxe très franco-français. D’un côté on favorise l’innovation, de l’autre on se heurte à de nombreuses contraintes : des lobbies surpuissants, un code du travail trop peu flexible et trop de normes.

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Et vous, comment envisagez-vous le travail ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Le travail est une part importante de nos vies respectives. J’ai travaillé en grand groupe et j’étais toujours sidéré des gens qui me disaient « bon courage » le matin. S’il faut du courage pour travailler, c’est que l’on considère le travail comme une contrainte. Le travail ne doit pas être subi, il doit être choisi. Si l’on fait quelque chose que l’on aime, que l’on choisit, alors on est plus productifs.

Le choix d’entreprendre s’est fait naturellement pour moi. Entreprendre, c’est conduire un projet fort de ses compétences et de ses expériences. Ce travail nous anime puisqu’il est la résultante de ce que nous sommes capables de produire. Chaque victoire devient plus stimulante, chaque nouvel utilisateur devient une pierre de plus à l’édifice que nous construisons.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite créer une entreprise dans le numérique comme la vôtre ?

De l’organisation, beaucoup, du leadership, de l’abnégation, de la résilience et une bonne dose de motivation.

Qu’est-ce qui vous inspire et anime au quotidien ?

Comme évoqué précédemment ; la conduite du projet dans son ensemble. Ce qui nous anime tous, c’est de savoir que tous les jours nous répondons aux besoins de nos utilisateurs, que l’on en accueille de nouveaux et que l’on trace la voie pour le futur de la start-up.

Quelle est la place de la course à pied dans votre vie ?

Je suis un grand sportif. Footballeur. Du coup, la course à pied est un élément central dans la pratique de mon sport. Pour me préparer physiquement, je suis amené à courir régulièrement. Olivier est boxeur, il court également régulièrement pour entretenir son cardio.

Une anecdote à nous raconter ?

La rencontre avec Sébastien Chaigneau, champion du monde d’ultra trail et ambassadeur du projet. Nous l’avons rencontré par hasard en Bretagne après avoir échangé avec son agent sur Instagram. Emballé par le concept il a décidé de nous accompagner dans cette belle aventure. Un soutien sans faille.

Votre rêve le plus fou ?

Faire de OuiRun la référence en matière de plateforme communautaire dédiée au sport. Sinon : voyager dans le temps, réincarner les dinosaures, voler en jetpack, descendre l’Everest en wingsuit.

Petits, que vouliez-vous faire comme métier ?

Je voulais devenir footballeur pro. C’est un peu bateau, mais j’en avais le potentiel et je suis un vrai passionné ! Olivier voulait devenir paléontologue, lui qui est un féru de dinosaures. François, lui, a toujours rêvé d’être soigneur pour animaux dans un zoo. Antoine voulait être scientifique…

OuiRun en chiffres

5 500

utilisateurs répartis dans toute la France

167

litres de café ingurgité

153

heures de brainstorun

7

partenariats

1276

emails échangés (on fait tout pour limiter ce chiffre)

des centaines

de runs

Crédits photo : OuiRun