Témoignage d’Olivier, jeune entrepreneur et créateur des Nouveaux Fromagers.
Faire découvrir des fromages, faire vivre des petits producteurs et protéger l’artisanat fromager, tels sont les objectifs du site Les Nouveaux Fromagers.En 2013, Olivier Birade constate que l’offre proposée par les supermarchés est discutable et que malgré le succès des sites de vente en ligne de vins ou autre produits alimentaires, le fromage est le grand absent ! Il décide alors de se lancer et de créer sa start-up en surfant sur le succès des box.
Installés à Paris, Olivier et son équipe partent à la chasse aux trésors pour proposer chaque mois quatre fromages de qualité à leurs abonnés.
Nous avons rencontré ces amoureux du fromage qui nous ont parlé d’aventure, de rêve de conquête et… de frometon !
Les Nouveaux Fromagers, c’est quoi exactement ?
Les Nouveaux Fromagers est la première box de fromage. Nous proposons des abonnements mensuels à une sélection de 4 fromages mêlant produits reconnus (Saint-Nectaire, Comté…), et pépites dénichées auprès de petits producteurs.
Depuis quelques mois, nous venons de démarrer la livraison express en 2h de plateaux de fromages. Idéal pour un dîner entre amis ou un apéro 100% terroir !
Nous nous adressons globalement à deux types de profils, tous deux amateurs de fromage, mais néophytes en la matière :
- Citadin(e) de 25 à 35 ans qui n’a pas le temps de se rendre en fromagerie du fait de son activité professionnelle.
- Père ou mère de famille de 35 à 50 ans vivant en province, et n’ayant pas accès à une fromagerie à proximité depuis son domicile.
Quelles valeurs défendez-vous à travers Les Nouveaux Fromagers ?
Nous voulons guider nos abonnés dans la découverte d’un produit multiple et riche en histoire, par le biais d’une pédagogie et d’un ton léger, voire décalé. Tout comme le vin, le fromage est un produit qu’il faut apprendre à connaître !
Nous souhaitons protéger l’artisanat fromager en le valorisant, et en portant un regard moderne sur un produit resté très traditionnel. Peu de gens le savent, mais des fromages disparaissent chaque année… Il faut sauver ce produit !
© Les Nouveaux Fromagers
Quand est née cette aventure ?
Le site est né fin 2013 à l’issue d’une réflexion avec mon meilleur ami Arthur, rencontré en école de commerce.
Nous nous sommes rendu compte qu’il était difficile de trouver une offre accessible et de qualité pour des amoureux du fromage comme nous. Rien n’existait alors sur Internet, la qualité des supermarchés restait discutable (et l’est toujours d’ailleurs), et les horaires des fromageries ne s’accordaient pas avec notre emploi du temps de cadre. Il fallait changer cela !
“Plus que de créer une entreprise, le vrai challenge est de la développer”.
Quel a été le déclic pour te lancer ?
Après cette réflexion sur la difficulté à pouvoir trouver du fromage de qualité facilement et rapidement, nos recherches ont montré que le marché du fromage sur Internet était encore très jeune, alors que le commerce alimentaire en ligne explosait. De plus, en voyant le succès de certains sites de vin, nous avons compris qu’il y avait probablement quelque chose à faire sur ce produit.
Il nous a ensuite fallu un an pour mûrir la réflexion, penser la marque, rencontrer les acteurs du marché (producteurs, affineurs…), effectuer une formation Crémier-Fromager, créer le site, pour enfin lancer l’activité en octobre 2013. Le déclic est donc venu au fur et à mesure, et plus le temps passait, plus on y croyait !
Combien de personnes travaillent avec toi et quel est le statut de ta boîte ?
3 personnes travaillent à plein-temps avec moi pour l’instant (nous avons d’ailleurs créé un premier CDI récemment) et je suis assisté par mon ami et associé Arthur dans le pilotage stratégique de l’activité (vision de long terme, levée de fonds…).
L’entreprise est une SAS, un format flexible et tout à fait adapté à notre modèle.
Comment as-tu réussi financièrement à monter ce projet ? As-tu reçu des aides ?
Dès le lancement, nous avons obtenu un crédit par notre banque, et comptions parmi les lauréats des 101 Projets (concours de startup de Xavier Niel, Marc Simoncini et Jacques-Antoine Granjon). Cela nous a permis de démarrer le projet. En parallèle, mes indemnités de chômage m’ont permis de tenir pendant la première année.
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
La plus grosse difficulté a été de tenir pendant un an la gestion intégrale de la chaîne logistique. Certaines journées démarraient à 4h avec un passage à Rungis, des découpes et emballages de fromages, des mises en boîte, puis on rentrait chez nous à 20h pour gérer le service client, la communication. Le gros tournant de notre activité a eu lieu au bout d’un an lorsque, grâce à notre progression, nous avons pu convaincre un partenaire fromager–affineur de nous accompagner sur ces préparations.
Est-ce simple de créer son entreprise en France aujourd’hui ?
Créer une entreprise n’est pas extrêmement compliqué, ou en tout cas pas autant qu’on peut croire. Il arrive de rencontrer parfois des rigidités administratives, mais en faisant les bonnes recherches et en s’entourant, rien n’est insurmontable ! Il y a énormément de dispositifs pour se faire aider en France, et il ne faut pas hésiter à en profiter. Le vrai challenge, plus que de créer une entreprise, c’est de la développer !
Qu’est-ce que ce projet t’apporte ?
Au fur et à mesure que le projet avance, j’ai développé des compétences dans de nombreux domaines. Tout d’abord en fromage bien sûr, à travers une formation Crémier-Fromager au début de l’activité afin d’être légitime dans cette aventure. De l’hygiène à la coupe en passant par la connaissance des produits, le fromage n’a (presque) plus de secrets pour moi !
Par la suite, et pour ce qui est de la gestion de l’entreprise et de l’équipe, j’ai développé des compétences sur des sujets tels que l’administratif, le management, le recrutement… J’ai aussi peaufiné mes connaissances en communication et marketing.
En ce qui concerne les qualités développées, j’ai appris à être plus à l’écoute des gens qui m’entourent, à remettre en cause mes convictions, et surtout à rester serein dans la plupart des situations. Lorsque l’on monte sa boîte, on oscille tous les jours entre bonnes et mauvaises nouvelles. IL y en a d’ailleurs plus souvent des mauvaises que des bonnes… Dans ces moments-là, l’important est de savoir prendre ses distances afin de faire émerger des solutions !
“L’artisanat va mal en France : une centaine de fermes disparaissent chaque semaine dans notre pays”.
Quels conseils donnerais-tu à des personnes souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ?
L’amour du projet est pour moi essentiel pour surmonter les difficultés. L’entrepreneur vit 24h sur 24h avec son projet. Il faut donc trouver un secteur qui vous passionne et créer une marque en accord avec ses valeurs.
© Les Nouveaux Fromagers
Aujourd’hui, quel est le bilan ?
Après plus de 2 ans d’existence, le bilan est très positif. Notre croissance est soutenue sur les box et des aventures prometteuses démarrent tout juste (livraison express de plateaux de fromage à Paris et démarrage des ventes de box au Royaume-Uni).
Je suis donc plutôt satisfait de ce début d’activité, mais comme tout entrepreneur, j’aimerais que nous fassions encore plus, encore mieux, encore plus vite ! Nous avons tellement de projets en tête, le plus difficile est finalement de savoir comment rationaliser les choses, et y aller étape par étape.
Qu’est-ce qui t’inspire ?
Ceux qui m’inspirent le plus sont les petits producteurs avec lesquels nous travaillons et sans qui rien ne serait possible. Ces artisans qui travaillent 7 jours sur 7 et sans relâche pour parvenir à fabriquer des pépites inimitables. Leur amour du produit est fascinant, leur courage aussi.
Il faut savoir que l’artisanat va mal en France : une centaine de fermes disparaît chaque semaine dans notre pays, laissant derrière elles des savoir-faire, des produits uniques, des histoires… Faute de repreneurs peu motivés pour travailler de manière si éprouvante et peu confortable, le monde agricole perd peu à peu du terrain.
C’est donc un devoir pour nous de les valoriser, de redonner envie à nos abonnés de s’intéresser à la source de ce qu’ils consomment et surtout, de les sortir des rayons de supermarchés.
Une anecdote ?
Notre premier passage à Rungis ! À 5h du matin, à goûter des pâtes molles à croûtes lavées type Maroilles ou Époisses, pour se faire ensuite inviter par notre affineur à « boire un ballon pour se rincer le palais ». De beaux souvenirs !
Un rêve un peu fou ?
Devenir fournisseur de fromage de l’Élysée !
Petits, vous rêviez de faire quoi comme métier ?
Footballeur professionnel. C’est quand j’ai pu voir que je n’arrivais pas enchaîner les jongles que j’ai décidé de chercher une autre vocation.
Les Nouveaux Fromagers en chiffres
20
Cafés par jour
2
Tonnes de délices envoyées chaque mois en France et Royaume-Uni
2
Dégustations par semaine, la meilleure partie du boulot !
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