Charlotte a créé sa propre entreprise de mode. La créatrice de Bob Carpenter revient sur son parcours d’entrepreneure.

Il y a ceux qui partent au boulot « comme ils sont » et il y a les autres : ceux qui travaillent dans ces entreprises où le combo chemise/costume est roi. Car le monde du bureau a ses codes et son univers bien à lui.

Pour Charlotte Ronsseray, la créatrice de Bob Carpenter, cet univers est une source d’inspiration et son terrain de jeux. Fondée en 2012, cette marque de prêt-à-porter détourne avec humour et originalité la fameuse chemise en mélangeant les matières, les couleurs, le tout rehaussé de petits détails qui feront toute la différence. Les codes « corporate » sont ainsi revus et corrigés pour notre plus grand plaisir.

Dans un univers paré de moquettes, néons et cloisons acoustiques, Charlotte est là pour détourner et corriger. Et ça fait du bien !

Bob Carpenter, c’est quoi exactement ?

Bob Carpenter est une marque qui détourne les “classiques ennuyeux” du vestiaire masculin (chemises, blazers) pour en faire des pièces de créateurs. Pour cela, nous détournons des coupes et des matières traditionnelles afin de créer des chemises qui se démarquent tout en étant chic et confortables.

Pour l’homme, la marque propose des chemises élégantes, avec une identité. Une chemise Bob Carpenter est faite pour l’homme urbain, âgé entre 25 et 45 ans, qui travaille dans un domaine non uniformisé ou qui ne veut pas “sortir” le soir ou le week-end avec une chemise formelle de travail sans pour autant être en tee-shirt… 🙂

La marque est unisexe et s’adresse également aux femmes qui aiment porter des vêtements façon boyish (ndlr: look masculin/féminin) et arborer un style à la fois chic, sexy et confortable.

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Collection automne 2015 ©Bob Carpenter

Comment t’est venue l’idée de créer ta marque ?

À la fin de mes études, j’ai fui le monde de l’entreprise. C’est ça qui a finalement été le déclic, car je suis tombée dans la mode en comprenant qu’elle pouvait être un excellent moyen d’expression. J’ai compris qu’elle pouvait être un outil qui me permettrait de jouer avec l’esthétique non glamourisée de l’univers de l’entreprise. La chemise “corporate” m’est apparue comme l’emblème de la vie de bureau à dynamiter.

Nous avons eu envie d’imaginer une marque de prêt-à-porter dont l’histoire et l’atmosphère parlent à tout le monde, dans un cadre peu exploité dans le milieu de la mode. Et voilà comment nous avons choisi de mettre en scène le monde de l’entreprise.

Combien de personnes travaillent avec toi ?

Au quotidien, beaucoup de monde ! Associés, ateliers, attaché de presse, webmaster, directeur artistique, photographe, comptable, etc.

“Les banques sont toujours frileuses à l’idée de financer une entreprise dans le monde de la mode. C’est un business qu’elles connaissent très peu !

La mise en oeuvre de ce projet a-elle pris du temps ?

Lorsque j’ai commencé l’aventure, l’idée était de faire de la vente en ligne en proposant des modèles de chemises originales et créatives, mais relativement basiques et à des prix très abordables. Les deux premières collections ont été imaginées et confectionnées en Inde, car le prix du tissu était correct pour nous qui avions peu de moyens.

Avec le temps, je me suis prise au jeu de la création et j’ai commencé à me sentir frustrée : je voulais créer des modèles plus audacieux, plus originaux et jouer avec des matières plus diversifiées, plus nobles. Pour cela, il fallait que nous vendions en boutique : après deux collections commercialisées sur notre e-shop, je suis partie à l’assaut de boutiques réelles, chemises et catalogues sous le bras.

Aujourd’hui toute notre logistique a complètement évolué : j’ai changé d’associé, mis en place une nouvelle équipe, nous avons une boutique en propre dans le quartier du Marais à Paris ainsi qu’une vingtaine de points de vente à Paris, en Europe et dans le monde (Japon, Chine, Canada…).

Ce canal de distribution m’a permis de faire évoluer le produit et de proposer des chemises plus créatives, plus sophistiquées et par conséquent aussi plus coûteuses.

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Comment as-tu réussi financièrement à monter ce projet ?

Nous avons trouvé des investisseurs privés qui nous suivent depuis le début de l’aventure. D’ailleurs, l’un d’entre eux nous héberge gracieusement dans les locaux de son entreprise, ce nous aide énormément ! ?Enfin, pour l’ouverture de notre première boutique nous nous sommes tournés vers des banques pour le financement par prêts.

Quelles difficultés as-tu rencontrées ?

Des difficultés financières : les banques sont toujours frileuses à l’idée de financer une entreprise dans le monde de la mode. C’est un business qu’elles connaissent très peu.

Selon toi, est-ce simple de créer son entreprise aujourd’hui en France ?

Simple, non. Mais avec des idées et de la volonté, c’est possible. Même sans un gros budget. Pour ma part, j’ai commencé avec une petite somme et j’ai réinvesti au fur et à mesure tout ce que je gagnais.

Cet hiver nous avons également organisé une collecte sur KissKissBankBank afin de proposer à tous ceux qui sont sensibles à notre univers et à nos créations de participer en investissant dans la production. Aujourd’hui, grâce aux plateformes de crowdfunding, cela devient accessible à tous de tenter quelque chose.

“L’objectif est de continuer le développement de Bob Carpenter en s’installant durablement dans le paysage du prêt-à-porter français”.

Des conseils pour ceux qui souhaiteraient créer leur entreprise ?

Bien réfléchir aux personnes dont on s’entoure ! Et ne pas avoir peur de savoir prendre parfois des décisions déraisonnables.

Qu’est-ce que ce projet t’apporte ?

Cela me permet de faire les choses à ma façon ! D’un point de vue des compétences professionnelles, on développe la capacité à être polyvalent. On apprend aussi à prendre des décisions rapidement et se remettre en question en permanence.

D’un point de vue plus personnel, on acquiert des qualités d’adaptation et beaucoup de courage. Certaines situations vont m’effrayer en avril, et me paraître dérisoires en octobre. C’est très grisant !

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Aujourd’hui, quel bilan peux-tu dresser de ta marque Bob Carpenter ?

J’ai réussi à créer une marque qui commence à avoir son empreinte. Pour moi, c’est la définition d’une marque pérenne qui grandit tout en gardant son état d’esprit originel.

Des projets récents, ou à venir ?

L’objectif est de continuer le développement de Bob Carpenter en l’installant durablement dans le paysage du prêt-à-porter français.

À court terme, il s’agit de diversifier les compétences par le biais de collaborations avec d’autres entrepreneurs. Nous sommes en train de préparer la sortie de notre partenariat avec l’Exception à l’occasion de leur première boutique en Mars.

À moyen terme, cela signifie l’ouverture d’une deuxième boutique en propre et l’agrandissement de la gamme de produits.

À long terme, cela consiste au développement à l’international dans des régions ciblées.

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Qu’est-ce qui t’anime et t’inspire ?

Réussir à piquer l’attention sans prétention !

Par ailleurs, je suis une grande admiratrice d’Anish Kapoor. Avec mon directeur artistique, nous nous inspirons beaucoup de l’oeuvre de Guy Bourdin pour nos mises en scène. Je viens de découvrir sur la scène musicale le groupe HER avec qui j’aimerais collaborer un jour !

Une anecdote ?

Le jour où Alex Lutz passe devant la boutique “Les Filles du Calvaire” et me demande : “,Mais qui est donc ce Bob qui fait des chemises ? Elles sont top”. Je lui ai répondu : “Merci ça me va droit au coeur, je suis très fan de ce que vous faites“. Et du tac au tac, il me répond : “Et bien maintenant c’est réciproque”.

Un rêve un peu fou’

Organiser un défilé de mode dans la même veine d’Henrik Vibskov.

Petite, tu rêvais de faire quoi comme métier?

Du cirque !

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Collection automne 2015 ©Bob Carpenter

Bob Carpenter en chiffres

4
Associés
2
Salariés
7
Lignes de chemises
2
Lignes de blazers

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