Léa Chanceaulme nous raconte comment elle s’est lancée dans le théâtre et comment elle a fait de sa passion un métier.

Léa Chanceaulme ne s’est jamais imaginée ailleurs que sur la scène d’un théâtre. Après un an et demi de travail, sa dernière pièce Casimir et Caroline va bientôt rejoindre Marseille. Que le succès soit au rendez-vous.

Comment est né le projet de mettre en scène Casimir et Caroline d’Ödön von Horvath ?

Il est parti d’un lieu, d’un garage désaffecté dans le 18e arrondissement de Paris. Un jour, une personne avec qui j’étais en relation m’a appelé pour me dire qu’il avait ouvert un nouveau lieu, il s’agissait d’un ancien garage Ford. J’y suis allée avec Arthur Leparc (NDLR : joue actuellement dans la pièce) et nous avons tout de suite trouvé cet endroit incroyable ! On s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire. C’est Arthur qui m’a parlé de la pièce Casimir et Caroline, il la lisait pour préparer ses concours !
Je trouvais que le thème de la pièce, celui d’une jeunesse désabusée pendant la fête de la bière, faisait échos à ce garage et aux gens qui y vivaient.

A partir de là, tu as fait en sorte de faire vivre cette pièce, comment cela s’est-il passé ?

Il a fallu monter la pièce, trouver les acteurs. Nous avons occupé ce garage pendant deux mois et transformé l’endroit en lieu de représentation. Tout a commencé là. Je ne me posais pas plus de questions que ça, j’avais juste envie que le spectacle ressemble à quelque chose ! Nous avons essayé de faire venir quelques programmateurs, chose difficile dans un lieu anonyme avec une troupe inconnue.

Un comédien de la pièce en a parlé ensuite à Dominique Bluzet, directeur du Théâtre du Gymnase de Marseille. Il a souhaité me rencontrer et a tout de suite proposé un accompagnement. Il a cru en notre engagement, a trouvé le sujet de la pièce actuel et veut, à travers ce spectacle, cibler un public jeune. Nous allons donc travailler ensemble pour faire venir au théâtre un public jeune « nouveau », qui n’a pas forcément l’habitude d’y aller.

“Le monde du théâtre effraie autant qu’il passionne”.

Tu as toujours voulu travailler dans le milieu du théâtre ?

Oui, je ne me suis jamais posé la question. Ca a toujours été une évidence, dans le sens ou je ne fais rien d’autre de mieux et il n’y a que ça qui m’anime, il n’y a pas d’autres milieux professionnels dans lesquels je me sens légitime !

Décors

Qu’est-ce qui te passionne dans ce milieu ?

Il est ardu, difficile, les perspectives d’avenir sont toujours très floues’ c’est un domaine professionnel qui effraie autant qu’il passionne. Ce qui me fait tenir ce sont des projets comme la pièce et de voir que des professionnels nous donnent une chance. Ce sont aussi les moments tels que le travail avec le groupe d’acteur, avec l’équipe technique. Cette réunion de personnes autour d’un projet commun est pour moi très enthousiasmante. C’est à chaque fois une joie de se retrouver et d’avancer ensemble. C’est le groupe qui m’anime.

Et ce qui te plait le plus dans ce métier ?

Ce sont les surprises ! Découvrir à chaque fois ce que l’on peut faire de mieux. En tant que metteur en scène, c’est d’avoir réussi à donner suffisamment de clefs aux acteurs pour qu’ils n’aient plus besoin de moi. De sentir que telle scène s’envole parce qu’ils sont libres dans la voie qui leur a été imposée. Quand je sens que ça y est : c’est à eux !

Juanita

Comment se passe la gestion d’une compagnie ?

Je suis metteur en scène sur ce projet, mon quotidien c’est de faire parler du spectacle. Pour le moment j’essaie de récolter des fonds pour que l’on puisse jouer en mars 2015. Grâce à la plateforme Pro Arti, nous avons pu créer les décors ! Le travail avec les acteurs a commencé depuis un petit moment. En bref, gérer une compagnie nécessite un travail artistique et logistique !

“Il n’y a pas d’autres milieux professionnels dans lequel je me sens légitime !”

Quel est ton parcours ?

Je fais du théâtre depuis que j’ai 10 ans, j’ai commencé au collège puis au lycée où j’ai passé un bac littéraire option théâtre. Puis je suis parti un an à Valence en Espagne dans une école de théâtre pour ensuite partir vivre à Paris où j’ai fait deux écoles de théâtre (L’Ecole Jean Périmony et l’Ecole Auvray-Nauroy). C’est au fil de ces expériences, dans des écoles où on nous a laissé découvrir des textes, que le gout de la mise en scène est venu. J’ai commencé à écrire des pièces au lycée, j’imaginais sur scène ce que j’écrivais.

Tu as 26 ans, tu portes ce projet seule. Ton âge a-t-il été frein dans tes projets ?

Ce n’est pas l’âge qui pose problème, c’est le manque d’expérience. Pour ce spectacle, l’âge a été un plus, nous sommes aidés. C’est plutôt ma petite expérience qui fait que tout prend plus de temps parfois !

Jocelyn

Quels sont tes projets ?

Après les représentations de « Casimir et Caroline » les 11, 12 et 13 mai 2015 au Théâtre du Gymnase de Marseille, et le 22 mai au Théâtre Le Sémaphore de Port-de-Bouc, je souhaiterais que ce spectacle puisse tourner dans d’autres théâtres et se faire connaître du public dans les prochains mois. J’entame également un compagnonnage avec l’équipe du Théâtre du Gymnase pour les années à venir, destiné à mettre en place une vraie proximité avec les gens de ma génération sur le territoire Marseille ?Provence. En parallèle, je souhaite pouvoir toujours interroger des textes à travers de nouvelles mises en scène.

Et tes rêves les plus fous ?

Ça serait d’avoir mon lieu ! Un endroit pour accueillir des compagnies.
Et de mettre en scène des textes avec des acteurs étrangers, de mélanger plusieurs langues dans un même spectacle. De mêler d’autres formes d’arts comme la danse. De multiplier les rencontres !

Crédit photo : Elisa Frank

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