Interview des fondateurs de Jimini’s, une marque audacieuse d’insectes comestibles à grignoter à l’apéro !

Avec les insectes comestibles, fini le saucisson bien gras, les chips huileuses et les cacahuètes trop salées ! Désormais, criquets et vers sont les rois de l’apéro. Parce qu’ils sont naturels, riches en protéines, pauvres en matières grasses et pleins de vitamines, Clément Scellier et Bastien Rabastens ont décidé de les assaisonner. Alors que l’entomophagie (la consommation d’insectes par l’homme) se démocratise de plus en plus en France, Clément et Bastien créent dès 2012 Jimini’s, leur propre marque d’insectes comestibles.Rencontre avec Clément à qui l’on a posé quelques questions au sujet de Jimini’s, du parcours du jeune duo et de leurs projets.

Jimini’s, qu’est-ce que c’est ?

Jimini’s est la première gamme d’insectes comestibles assaisonnés pour l’apéritif. Depuis 2012, la gamme s’est étendue avec des insectes comestibles nature à cuisiner ainsi qu’une gamme de barres à en-cas à base de farine de grillon dont nous venons de financer la production via Kickstarter.

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Combien de personnes travaillent avec vous ?

À ce jour, nous sommes dix salariés à travailler à temps plein dans l’entreprise et répartis sur deux activités : la production (car oui, nous « cuisinons » nous-mêmes les insectes, les conditionnons, et assurons la logistique) et la vente, le marketing et l’administration de l’entreprise.

Nous sommes répartis sur trois sites : le bureau et l’atelier se situent en région parisienne, et depuis peu, nous avons un bureau à Londres où nous développons nos activités d’export.

“Nous avons été agréablement surpris, car on s’attendait au moment « gluant, mais appétissant » du Roi Lion.”

Comment vous est venue l’idée de créer votre marque d’insectes comestibles ?

Nous regardions la fameuse émission de télévision Koh Lanta lors de l’épreuve d’immunité où les candidats mangent des insectes. Nous étions tous les deux curieux de tester. Nous avons cherché à nous en procurer sur internet. Lors de la première dégustation, Bastien et moi avons été agréablement surpris, car on s’attendait au moment « gluant, mais appétissant » du Roi Lion. Or, ils étaient plutôt croustillants et bons, d’autant plus qu’au second essai, nous les avons cuisinés.

À cette époque, la FAO (NDLR Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), considérait déjà les insectes comme un aliment d’avenir puisqu’ils constituent des produits sains et responsables. Nous y avons vu l’occasion de créer un projet dans lequel nous croyions et où nous nous sentions vraiment précurseurs.

Le véritable déclic a été lors de notre premier apéro insectes organisé avec nos amis. Nous leur avons fait tester différents insectes assaisonnés et beaucoup ont apprécié et partagé cette première expérience sur les réseaux sociaux.

“Créer une marque et une communauté, cela nécessite un investissement humain et une disponibilité quasi permanente.”

Quelles valeurs défendez-vous à travers Jimini’s ?

Jimini’s c’est avant tout l’audace, le plaisir et l’engagement ! Quoi de plus audacieux que de croquer un criquet lorsque l’on nous a appris depuis le plus jeune âge, que les insectes ne se mangeaient pas ? Côté plaisir, on parle ici de celui de découvrir, de partager et de manger, car oui, manger des insectes, ça peut être bon ! Enfin, quand nous parlons d’engagement, il ne s’agit pas seulement d’utiliser un emballage en carton recyclé, ou de conserver le papier usagé pour le réutiliser. Nous visons le long terme en prônant une diversification de nos apports en protéines. Nous pensons que la consommation d’insectes peut avoir un réel impact sur notre environnement.

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En combien de temps avez-vous créé votre entreprise ?

Il s’est écoulé une année entre l’idée d’entreprise et la première vente d’insectes en décembre 2013. En effet, nous avons rapidement déposé les statuts, mais il a ensuite fallu travailler main dans la main avec un laboratoire de formulation, trouver des fournisseurs européens, installer notre propre atelier de production, trouver des financements, penser la marque, designer les packagings, etc.

Dans ce type de projet, tout est très long et nous devons respecter un certain nombre de contraintes spécifiques à l’agroalimentaire.

Comment avez-vous réussi financièrement à monter ce projet ?

Nous avons fait appel à différentes solutions de financement et nous avons reçu beaucoup de soutien. Tout d’abord, nous avons mené deux campagnes de financement participatif dont une qui vient de prendre fin. Nous avons également eu un prêt à taux zéro de Total Développement, un emprunt bancaire, une bourse à l’innovation ainsi que des subventions de la part de la BPI et du CERVIA.

Enfin, nous avons gagné le grand prix Moojvee en 2015. Cela nous a apporté un soutien financier, mais aussi humain grâce au réseau du Moovjee et à l’accompagnement d’un mentor.

“Il y a autant de raisons d’entreprendre que d’entrepreneurs.”

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Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

La première a été de convaincre nos proches du sérieux de notre démarche : faire manger des insectes à l’époque était bien plus osé que maintenant ! Une fois cette première étape franchie, il y a eu tous les obstacles habituels que l’on peut rencontrer lors de la création d’entreprise : développer un produit demande du temps, de l’argent et des compétences. Créer une marque et une communauté nécessite un investissement humain et une disponibilité quasi permanente. Pour trouver des clients, il faut utiliser les bons outils pour convaincre, etc.

À tout cela s’ajoute le fait que nous n’y connaissions rien dans le domaine de l’agroalimentaire, alors que nous souhaitions produire nous-mêmes les insectes. Nous avons dû apprendre beaucoup de choses en très peu de temps, et surtout, nous entourer des bons collaborateurs et partenaires !

Est-ce simple de créer son entreprise aujourd’hui en France ?

La difficulté c’est d’arriver au point d’équilibre qui consiste à créer suffisamment de valeur pour satisfaire l’appétit fiscal de notre beau pays tout en rémunérant une équipe de choc !

Une fois votre business model ajusté, il y a énormément d’avantages à créer votre entreprise en France : subventions, organismes d’accompagnement, compétences, infrastructures, etc. qui sont accessibles partout en France, et pas seulement à Paris !

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Crédits : Jimini’s

Qu’est-ce que ce Jimini’s vous apporte ?

Du plaisir, un apprentissage permanent, des rencontres, une certaine ouverture d’esprit, des responsabilités… Et bien plus : il y a autant de raisons d’entreprendre que d’entrepreneurs. Au cours de ces deux dernières années, nous avons appris la patience, la persévérance, l’esprit d’équipe, l’humilité et bien d’autres notions que l’on pense connaître, sans pour autant y avoir vraiment été confrontés.

Quels conseils donneriez-vous à des personnes souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Foncez, mais pas trop. La préparation est aussi importante que l’application. Nous avons croisé un nombre incalculable d’entrepreneurs qui avaient lancé un business sans savoir comment ils créeraient de la valeur (et par valeur, j’entends de l’argent !).

Alors, même si créer un business plan prend du temps, ne foncez pas tête baissée et couchez vos idées sur le papier. Promis, elles ne s’endormiront pas ! Autre point important : la première source de financement d’une entreprise, c’est le client ! Il paye les charges et vos rémunérations actuelles ou à venir. Ne confondez donc pas chiffre d’affaires et levée de fonds où c’est bien vous qui payez vos charges. Bien entendu, certaines activités nécessitent des investissements importants en phase d’amorçage ou d’accélération, mais il y a aussi de nombreuses entreprises qui autofinancent leur croissance.

Dernier point et sans doute le plus important : entourez-vous ! Nous avons reçu énormément de précieux conseils de la part d’autres entrepreneurs ou d’organismes d’accompagnement. Il est capital de bien s’entourer afin de bénéficier de l’expérience de vos relations professionnelles.

Aujourd’hui, quel bilan pouvez-vous dresser de Jimini’s ?

C’est difficile de s’autoévaluer. On voudrait toujours aller plus loin, plus vite, et voir toujours plus grand. Nous sommes très satisfaits du développement de notre entreprise, même si de nombreux facteurs nous empêchent encore d’accélérer notre développement.

Nous souhaitons bâtir un avenir meilleur en apportant des solutions durables à notre alimentation, tout en cassant certains interdits culturels et alimentaires occidentaux. Cela prendra du temps, mais nous sommes plutôt bien partis !

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Des projets pour votre entreprise d’insectes comestibles ?

Nous avons de nombreux projets dans les cartons, dont deux sont en cours : la sortie de notre nouvelle gamme de barres aux fruits secs, amandes & farine de grillon qui sera prochainement disponible ainsi que l’élaboration de crackers apéritifs. Nous venons également d’ouvrir un bureau à Londres car nous souhaitons développer notre activité au Royaume-Uni durant l’année à venir. Bref, pas mal d’activités en perspective !

Qu’est-ce qui vous inspire ?

Tout nous inspire, il suffit d’ouvrir les yeux pour trouver de l’inspiration à travers ce qui nous entoure !

Une petite anecdote ?

Un jour, des insectes se sont échappés de leur bac de transport lors d’un voyage retour des Pays-Bas… Je vous laisse imaginer ma surprise en les voyant escalader mon pare-brise !

Un rêve un peu fou ?

Changer (un peu) le monde avec nos petits insectes !

Petit, tu rêvais de faire quoi comme métier ?

Volcanologue, jusqu’à apprendre la mort de Maurice & Katia Krafft, puis paléontologue… Il faut croire que les mots finissant par « logue » me plaisaient.

Jimini’s en chiffres

4589
Blagues nulles au bureau
50000
Kilomètres parcourus à travers l’Europe
10
Fourmis à temps plein

• Site de Jimini’s
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