Rencontre avec les créateurs de la marque de prêt-à-porter J’ai mal à la tête.

J’ai mal à la tête est une marque de prêt-à-porter créée en 2012 par deux Munichois, Anja Pawlik et Roman Dorfner. Malgré les tendances et les diktats de la mode, ces jeunes créateurs allemands ont fait petit à petit leur place dans le monde de la mode grâce à leur créativité et leur liberté. Après avoir travaillé pour Marcel Ostertag puis dans un bureau de tendances en Indonésie, Anja, piquée par le virus de la mode depuis son enfance, lance sa marque. Roman, ancien DJ et ingénieur du son, se greffe rapidement au projet. Ensemble, ils jouent avec les codes et s’amusent de la mode avec un second degré assumé. Leurs collections se distinguent à travers des collections intemporelles et sont vite repérés par la blogosphère internationale ainsi que par les plus grands magazines tels que Vogue Italie ou Wad.

J’ai mal à la tête tiendrait son nom du livre posthume de Fernando Pessoa, Le Livre de l’intranquilité, et d’une citation en particulier : « J’ai mal à la tête et à l’univers tout entier ».

L’essentiel pour eux : la durabilité de leur production, la qualité des matières, l’utilisation de la technologie ainsi que de la tradition artisanale.

Rencontre avec J’ai mal à la tête, nouvel ovni de la mode !

C’est quoi exactement J’ai mal à la tête ?

J’ai mal à la tête a d’abord été conçu comme un label de mode masculine en 2012. Depuis 2016, il s’agit désormais d’une marque de prêt-à-porter à la fois masculine et féminine.

Comment avez-vous eu l’idée de créer votre marque ?

Anja est entrée dans le monde de la mode grâce à sa mère qui travaille dans ce secteur. Depuis ses plus jeunes années, elle s’implique avec passion dans la création de vêtements et le processus de développement.

Après 4 ans d’études à l’Académie de Mode et Design de Munich et après avoir recueilli des expériences dans un bureau de tendance en Indonésie tout en travaillant comme aide à la conception pour le créateur Marcel Ostertag, elle a fondé J’ai mal à la tête.

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collection printemps / été 2016

Avec qui travaillez-vous ?

Nous gérons beaucoup de choses seuls. Comme nous avons toujours mis l’accent sur la création de produits de haute qualité, les personnes les plus importantes avec lesquelles nous travaillons sont des tailleurs professionnels, qui peuvent parfaitement mettre en œuvre nos dessins et nos modèles.

Nous travaillons également avec beaucoup de gens créatifs comme des photographes et des stylistes. Nous nous entourons de gens sympas, c’est plus amusant, et tout le monde est plus efficace !

Nos amis et nos familles nous inspirent et nous aident énormément. Notre graphiste, par exemple, est l’oncle d’Anja !

“À l’ère des tendances de la mode dites ‘’fast fashion’’, notre objectif est de créer des modèles faciles à porter et intemporels.”

Comment arrivez-vous à financer ce projet ?

Les dépenses sont très élevées et pour les couvrir nous travaillons à côté en tant que designer freelance et professeurs à l’Académie de la mode et du design.

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Quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien ?

L’un des plus grands défis est de surmonter les problèmes de distribution et de les contourner, à la fois en étant efficaces et en ayant une approche de développement durable.

Selon vous, est-il facile de démarrer une entreprise en Europe aujourd’hui ?

Nous pensons qu’il n’est jamais facile de démarrer sa propre entreprise. Cela nécessite beaucoup de travail, et bien sûr, un peu de chance. Mais l’industrie de la mode d’aujourd’hui est si rapide en terme d’évolution. Je me souviens que lorsque j’ai commencé mes études de design de mode il n’y avait pas d’Instagram ou Facebook !

De nos jours, là où tout est possible et où tout le monde peut bénéficier de ces plateformes, le danger est que tout devienne inconsistant. J’ai le sentiment que l’autopromotion est le plus souvent la clé pour pousser et vendre une marque, au détriment du produit lui-même.

Nous savons dès le départ que cela ne serait pas facile, mais honnêtement, nous n’étions pas au courant des si nombreuses difficultés. Peut-être que c’est une bonne chose ! Qui sait, nous n’aurions peut être pas eu le courage de nous lancer dans l’aventure J’ai mal à la tête !

Qu’avez-vous appris à travers J’ai mal à la tête ?

Nous avons appris beaucoup de choses et encore aujourd’hui nous en apprenons, des bonnes comme des moins bonnes. Nous devons gérer tellement de tâches que le travail de création et de conception des collections est juste une petite partie de l’ensemble.

Presque tous les jours, nous devons trouver de nouvelles solutions pour des nouveaux problèmes !

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collection printemps / été 2016

Quels conseils donneriez-vous aux personnes souhaitant lancer leur entreprise ?

Patience et endurance !

“Dans chaque collection, nous laissons un morceau de notre vision de la culture et la conscience esthétique”

Quels sont vos projets avec J’ai mal à la tête ?

Nous n’avons pas encore de projets en plus de nos collections. Mais nous ne sommes pas fermés au futur !

Que signifie le travail pour vous ?

Nous travaillons très dur et la plupart du temps, 7 jours sur 7. Mais nous savons que nous sommes très chanceux et privilégiés de faire ce que nous faisons.

Quelles valeurs souhaitez-vous défendre à travers votre marque ?

Nous essayons de nous concentrer avant tout sur un produit de bonne qualité. Dans chaque collection, nous laissons un morceau de notre vision de la culture et la conscience esthétique.

À l’ère des tendances de la mode dites ‘’fast fashion’’, notre objectif avec J’ai mal à la tête est de créer des modèles faciles à porter et intemporels.

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collection printemps / été 2016

Qu’est-ce qui vous inspire ?

La créativité vient d’un travail acharné, de l’expérience et de la compréhension de l’esthétique. Nous sommes influencés par l’éducation, la culture, le goût et bien sûr de notre esprit. En fait, tout peut être source d’inspiration et tout peut avoir une influence sur notre travail comme des films, de l’art ou les gens qui nous entourent.

Par exemple, nous recueillons beaucoup d’impressions et d’idées provenant de l’esthétique des cinéastes comme Truffaut, Godar, Tarantino, Wes Anderson. Raf Simons et Juun.J sont deux designers dont le travail a une grande influence sur notre conscience esthétique.

Mais surtout, la collection se développe à partir d’un processus, en commençant par la sélection des tissus, fabrications de modèles et accessoires.

Une anecdote à nous partager ?

Comme la traduction française littérale de notre nom de marque signifie “J’ai un mal de tête”, il arrive parfois que les Français pensent un instant que nous faisons une blague. Après une courte explication, nous révélons que J’ai mal à la tête est basée sur une phrase de l’écrivain portugais Fernando Pessoa “j’ai mal à la tête et l’univers”.

Petits, que rêviez-vous de faire comme métier ?

Anja a toujours voulu devenir vétérinaire ou créatrice, et Roman a caressé l’idée de devenir un grand chef cuisinier ou patron d’un petit café !

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Crédits photo : J’ai mal à la tête