Rencontre avec Annabel, fondatrice du salon de thé bordelais Une Faim de Loup.

En un clin d’oeil

La boite

Nom : Une Faim de Loup
Siège : Bordeaux
Créée en : 2016

Le Faiseur

Nom, prénom : Jouison, Annabel
Age : 27 ans
Originaire de : Bordeaux
Études : Licence Entrepreneuriat

Annabel Jouison a 27 ans, une licence en entrepreneuriat, des kilomètres parcourus aux quatre coins du monde et l’envie de partager ce qu’elle aime. Gourmande, curieuse et généreuse, elle crée en 2016 Une Faim de loup, un lieu de restauration à son image, simple et coloré qui sent bon le café et les gâteaux faits maison. Après des années à réfléchir pour créer une entreprise qui lui ressemble, Annabel finit par trouver un local à Bordeaux, en plein cœur du quartier Saint-Michel. Attachée aux produits frais et de qualité, elle met en avant une cuisine conviviale et pleine de saveurs ! Avec sincérité, elle nous raconte sa vie d’entrepreneure, son quotidien, son goût pour les bonnes choses et les galères rencontrées !

Une Faim de loup, c’est quoi exactement ?

Une Faim de loup, c’est un salon de thé qui fait office de petit café moderne. On peut y prendre un café ou un petit déjeuner. On peut y déjeuner, goûter, bruncher, boire le thé et en acheter en vrac. La boutique a ouvert le 23 octobre 2016.

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Comment est venue l’idée de créer Une Faim de loup ?

Cela fait plusieurs années que je pense à créer mon entreprise dans la restauration. J’avais envie d’ouvrir un lieu convivial qui me ressemble et de me créer un emploi sur mesure. J’étais toujours frustrée dans mes différents emplois de ne pas pouvoir faire les choses comme je l’entendais, de ne pas pouvoir mettre plus la main à la pâte.

Quelle image souhaites-tu véhiculer à travers Une Faim de loup ?

Une image d’authenticité, de simplicité. Une Faim de loup est un petit commerce de proximité. Pendant des années, on a assisté à la multiplication des grandes enseignes, des franchises… Je trouve qu’on revient beaucoup à des choses plus intimes, plus essentielles. On reconsidère le local, le made in France, l’artisanat. Et c’est très intéressant.

J’ai l’impression de revenir au petit café de proximité avec une ambiance très intime, comme à la maison, car la boutique fait moins de 20 m² ! Je peux parler avec les clients, prendre en compte leurs besoins, entendre leurs envies et ils peuvent me voir préparer les produits. Il y a beaucoup d’échange.

Quelles valeurs souhaites-tu transmettre à travers ton travail ?

C’est important pour moi de défendre le respect du travail, de l’humain et des règles. De faire les choses bien, sans tricher en proposant des produits frais, de qualité, et faits maison.

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As-tu depuis longtemps ce goût pour la cuisine ? L’envie de gérer un lieu de restauration t’a-t-il poussé à la cuisine ou est-ce l’inverse ?

Je me suis mise à la cuisine assez tard vers mes 20 ans. En revanche, j’ai toujours été gourmande et j’ai toujours aimé manger ! Je ne sais pas trop si c’est l’envie d’un lieu à moi ou le goût pour la cuisine qui est arrivé en premier, mais les deux ont évolué ensemble.

À partir du moment où je me suis dit que je voulais faire ça, je me suis mise à travailler différentes recettes de gâteaux pour trouver la meilleure. J’ai tendance à vouloir tout faire moi-même (parfois trop…) donc c’était évident pour moi de savoir faire.

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La cuisine, c’est une histoire de famille ?

Personne n’est restaurateur dans ma famille, mais on ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu d’influences. Mes grands-mères étaient très gourmandes et cuisinières et on a toujours eu le sens des bonnes bouffes donc je pense que ça a influencé mon côté gourmand et mon intérêt pour la cuisine, c’est sûr !

Le lieu de restauration idéal selon toi, il ressemble à quoi ?

Un joli lieu où l’on se sent bien, avec une cuisine maison et des produits qui donnent envie à des prix convenables. Je souhaite transmettre de la gourmandise et de bons moments.

“Il y a toujours différents acteurs ou soucis extérieurs qui repoussent la création, mais l’important c’est de toujours y croire et de ne pas baisser les bras.”

Avec qui travailles-tu ?

Je travaille principalement seule. Une étudiante vient m’aider les dimanches pour les brunchs, car il y a pas mal de boulot ! Le reste de la semaine, mon ami qui est aussi un de mes associés dans ce projet vient m’aider quand il peut pour le service du midi. Et mon troisième associé, un ancien camarade de licence me donne un coup de main de temps en temps.

Est-ce que tu vis de ton commerce ?

Pour le moment, je suis rémunérée via Pôle emploi, j’ai choisi de commencer comme ça afin de me laisser le temps d’être plus à l’aise financièrement pour me rémunérer et ne pas me mettre de suite le couteau sous la gorge !

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Quelles ont été les étapes de création d’Une Faim de loup ?

D’abord une longue réflexion sur le concept, qui a duré un an. Le projet a pas mal évolué durant cette année. Ensuite, j’ai commencé à travailler un business plan de façon assez scolaire, ce qui m’a permis de poser les bases. Le fait d’avoir fait une licence en entrepreneuriat m’a beaucoup aidé. J’ai fait le choix, en parallèle à un CDD de vente, de m’inscrire à Pôle emploi afin d’être accompagnée dans ma création d’entreprise.

Ensuite, j’ai dû chercher le local, demander un prêt, suivre les différentes étapes administratives, les travaux et les mille autres petites choses à gérer avant de pouvoir ouvrir.

Quelles ont été les plus grosses difficultés dans la création de ton entreprise ?

Une des plus grosses difficultés a été de trouver le local. J’ai cherché plus de 6 mois, j’en ai visité une trentaine. Après plusieurs projets qui n’ont pas abouti et une recherche qui ne portait pas ses fruits, j’ai failli abandonner. Tout était prêt, mais il me manquait l’essentiel et je ne travaillais plus donc je commençais à être démotivée.

Il y a toujours différents acteurs ou soucis extérieurs qui repoussent la création, mais l’important c’est de toujours y croire et de ne pas baisser les bras.

As tu été soutenue par ta famille, ton entourage ?

Oui, beaucoup. Mon ami notamment a toujours été là pour me remotiver et me donner confiance en moi. Je ne pense pas que je serai allée jusqu’au bout sans lui qui croyait parfois plus en moi que moi-même ! Mes parents et mon frère ont été présents et encourageants même si cela leur faisait un peu peur, je pense. Mes amis m’ont également soutenu dans tous les moments : pour goûter mes gâteaux, finaliser la boutique et ouvrir à temps et même travailler durant les premiers services !

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Quels sont les processus de création et de production de tes produits ? Comment sélectionnes-tu tes partenaires ?

Je travaille beaucoup à l’envie, en fonction de ce que je trouve au marché. Je produis tous les jours. Ma cuisine est ouverte cela me permet de pouvoir servir et produire en même temps. Pour les partenaires, je fais beaucoup au feeling ou en choisissant des choses artisanales ou locales.

Mon fournisseur de thé par exemple Tea & Cie est une maison de thé tenue par un super couple à Vannes. Leur thé est excellent et de très bonne qualité, leurs grosses boîtes jaunes attirent l’oeil et leurs mélanges sont originaux. Je ne voulais pas travailler avec une maison de thé que l’on trouve partout. Le café, c’est Di-constanzo un torréfacteur de la région et le café plait beaucoup. Les jus Meneau et la bière MIRA sont locaux. Le cidre APPIE est une jeune marque de Paris. Pour la nourriture, je me fournis directement au marché des Capucins. J’ai d’ailleurs l’avantage d’être à côté !

Qu’est-ce qui te plait le plus dans ce projet ?

Faire les choses comme je l’entends ! Il faut être extrêmement rigoureux pour être son propre patron, mais la liberté de faire les choses à sa manière est très satisfaisante. C’est aussi agréable d’avoir des retours positifs des clients, de voir que tout ce que l’on a imaginé plait. Il y a du stress, mais il est motivant, il n’a rien à voir avec le stress ou la pression de ses supérieurs dans certaines boîtes par exemple.

“C’est quand même très agréable de se dire qu’on a réussi à créer le lieu que l’on veut, que ça plait et qu’on est maître de tout ça.”

Quelles qualités as-tu développées ?

De la rigueur, j’en avais déjà, mais encore plus. J’apprends à moins stresser aussi, à moins prendre les choses à coeur. Et je pense que je commence aussi à me faire plus confiance. J’ai parfois peur de ne pas m’en sortir, pendant les gros services par exemple, mais je finis toujours par réussir, c’est rassurant.

As-tu bénéficié d’aides particulières ?

Je me suis fait accompagner par mon associé qui travaille à la Maison Initiative Entrepreneuriat, puis je suis entrée en parcours NACRE pour obtenir un prêt à taux 0 de l’État.

Il ne faut pas hésiter à passer par ce genre de structures, tous les conseils sont bons à prendre. Au-delà de ça, il y a plein de personnes dans mon réseau que j’ai pu solliciter pour telle ou telle chose.

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Le travail pour toi, qu’est-ce que cela représente ?

Surtout pas une contrainte, enfin je fais tout pour que ça n’en soit pas une. Je ne suis pas carriériste, je ne veux pas du tout consacrer mon temps à travailler et encore moins à faire des choses qui ne me plaisent pas. Donc je fais au mieux pour m’épanouir dans ce que je fais.

Elle ressemble à quoi ta vie de jeune entrepreneure ?

Prenante et fatigante, mais très excitante ! C’est dur de faire la part des choses et d’avoir du temps pour soi. On pense tout le temps à sa boîte, on y passe beaucoup de temps et on a du mal à couper, mais c’est le début et il faut tout donner. Sinon, c’est quand même très agréable de se dire qu’on a réussi à créer le lieu que l’on veut, que ça plait et qu’on est maître de tout ça.

“L’important c’est d’être sûr de son projet, de partir sur des chiffres cohérents et bien travaillés afin d’appuyer ses propos.”

Si c’était à refaire ?

Sans hésiter, je ferais la même chose, c’est tellement enrichissant de travailler pour soi, de se pousser tous les jours. Mais cela demande quand même beaucoup d’énergie ! Parfois, quand je repense à tout mon parcours avant l’ouverture, tous les hauts et les bas, je me dis que je n’aurai plus la force de le faire… Et en fait si. Car c’est ça être entrepreneur, c’est aimer monter des projets et avoir la tête dans le guidon ! 🙂

Quel(s) conseil(s) peux-tu donner à un jeune souhaitant se lancer dans la création d‘entreprise ?

D’y aller, d’y croire et de ne rien lâcher. Tout est réalisable et tout finit par se faire malgré les obstacles. Je pense aussi qu’il est important de commencer avec un projet à sa taille. Ne pas partir sur des choses démesurées qu’il sera impossible de faire.

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Qu’est-ce qui te motive chaque jour ?

Faire plaisir aux gens et être chez moi dans ma petite boutique, c’est ma deuxième maison et je m’y sens bien.

Le plus dur pour toi en tant que jeune entrepreneure ?

La question du capital de départ se pose, vu les montants des fonds de commerce, droits au bail et loyers sur Bordeaux, cela peut être compliqué avec un petit budget. Jeune, on n’a pas toujours les apports nécessaires.

Ensuite, certains propriétaires ou acteurs de financements peuvent parfois vous prendre un peu de haut en pensant à tort que vous manquez d’expérience ou autre. Mais globalement, cela s’est bien passé pour moi. L’important, c’est d’être sûr de son projet, de partir sur des chiffres cohérents et bien travaillés afin d’appuyer ses propos.

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Quels sont tes projets à moyen-long terme ?

Il y a un tas de choses que je voudrais mettre en place et autant d’axes à développer pour Une Faim de loup. Mais je ne me vois pas y travailler toute ma vie. Je pense à de nouveaux projets, et j’ai beaucoup d’envies. Je voudrais mener des expériences variées dans ma vie, c’est ce qui me motive !

Une anecdote ?

J’ai trouvé le nom Une Faim de loup bien avant de trouver mon local. Et mon entreprise se situe aujourd’hui Place Canteloup, beaucoup de gens pensent que c’est en lien, mais non ! Comme quoi, c’est bien là que je devais être ! 🙂 🙂

Petite, que rêvais-tu de faire comme métier ?

J’étais plus sur le créneau maîtresse, mais je n’ai jamais eu de grande prédilection à un métier en particulier. D’ailleurs jusqu’à très tard, je ne savais pas trop quoi faire. Faire beaucoup de choses, ça me correspond bien au final. Toucher à tout, à la cuisine, au service, à la compta, à la com, à la vente, c’est plutôt complet comme métier !

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