Témoignage d’un courtier en vin dans la région de Bordeaux, Édouard Balaresque, créateur d’AVB.

À 32 ans, Édouard Balaresque est courtier en vin. Situé dans une région où 85% des vins passent entre les mains des courtiers, Édouard a créé à Bordeaux sa propre boite, AVB. Rencontre avec un passionné et amoureux de ce produit du terroir.

Une journée de courtier, ça ressemble à quoi ?

J’arrive le matin au bureau, je regarde tous les mails reçus, je prends rendez-vous avec les châteaux, je rencontre les négociants avec les sélections que je peux leur proposer.

Peux-tu me parler de ton métier ?

Le métier de courtier consiste à promouvoir les châteaux par le Négoce de la Place de Bordeaux. Un client nous interroge sur le volume souhaité en vrac ou en bouteilles et la destination du marché. Mon client est le négociant de la place de Bordeaux. Je dois donc recenser l’information et lui répondre en utilisant notre base de données de viticulteurs.

Je propose alors au négociant ce qui peut répondre au mieux à sa demande en étant très précis dans mes offres et dans l’échantillonnage. Suite à ça, ce dernier fait sa sélection de ce qu’il aimerait acheter, goûter, pour présenter à ses clients. Une fois cette offre faite, nous recontactons le château en lui demandant des échantillons pour tel négociant, pour tel marché. Au courtier alors, de se rendre au château chercher l’échantillon et l’apporter au négociant.

Nous dégustons les vins pour contrôler la qualité et nous nous assurons également de la bonne livraison du produit et du paiement. Toute transaction est établie sur un bordereau de courtage, qui fait foi devant le tribunal du commerce.

Une propriété peut aussi nous contacter en nous faisant part de ce qu’elle aimerait vendre, avec ses exigences. Le courtier doit recenser parfaitement l’information afin de répondre aux attentes de distribution des châteaux.

Pour le viticulteur, le courtier est un intermédiaire du commerce où la relation de confiance est primordiale.

Pour le négociant, nous leur maîtrisons les lots de vins et nous négocions les tarifs. Nous sommes une centaine de courtiers sur la place de Bordeaux. Le métier de courtier en vin peut être exercé seul, il se transmet souvent de père en fils.

C’est un milieu fermé. C’est un métier très implanté à Bordeaux. Quand nous sommes courtiers à Bordeaux, nous travaillons uniquement avec les vins de Bordeaux. Dans d’autres régions, les règles ne sont pas forcément les mêmes.

“Quand on vend du vin, on vend du rêve”.

Qu’est-ce qui t’a attiré dans le milieu du vin ?

Le côté vivant du produit dans le sens où je ne fais jamais la même chose tous les jours. J’aime ce produit, j’aime la nature, la campagne. C’est un produit du terroir qui me plaît beaucoup. C’est un travail qui demande de bouger, de rencontrer des personnes.

Ma voiture est mon second bureau et c’est un quotidien que j’affectionne et qui me correspond. Je vends de l’histoire, et quand on vend du vin, on vend du rêve, du plaisir.

voiture

Quelle est ta formation ?

J’ai obtenu une Licence Commerciale des Vins à Tours où j’ai appris les techniques de vente avec une formation oenologie et dégustation. J’y ai appris tous les cépages, les appellations ? j’ai travaillé quelques mois chez un courtier avant de passer l’examen pour obtenir la carte de courtier.

“Travailler pour soi c’est quelque chose de grisant. Il faut être très rigoureux”.

Quelles ont été les difficultés rencontrées en tant qu’entrepreneur ?

J’ai créé ma boîte en janvier 2009. Les premières années ont été difficiles, car il m’a fallu gérer mon travail tout en ayant la connaissance des rouages de l’entreprise.

Il faut savoir gérer seul l’entreprise, la banque et la comptabilité. Je trouve que le système français n’est pas très aidant. Il y a énormément de charges, tu dois travailler beaucoup pour avoir un peu d’argent. C’était un challenge, mais c’est ce que j’aime. Travailler pour soi c’est quelque chose de grisant. Il faut être très rigoureux.

vignes

Quels sont tes projets ?

Développer davantage mon activité dans le secteur de crus plus prestigieux.

Quelle est la période de l’année que tu préfères ?

La période des premières sorties de vins où tu dégustes de nouveaux produits, en avril et mai.