Témoignage d’un jeune entrepreneur passionné par les chaussures et les voyages : Camille créateur de la marque Someone Shoes.
Des chaussures imaginées pour voyager à travers le monde. Des baskets qui nous parlent d’évasion, fabriquées avec passion selon des savoir-faire traditionnels. Voilà Someone Shoes, une marque française créée il y a bientôt trois ans par Camille Lambrecq, 31 ans, créateur, photographe, voyageur et entrepreneur.
« La vie est un voyage, et nous vous invitons à le vivre tous les jours en allant à la rencontre de nouvelles cultures, aussi loin que vos pieds vous mèneront » .
Telle est la philosophie de Someone Shoes. Nous avons rencontré Camille entouré de ses dessins et de ses créations au Campement, la pépinière développement durable de Darwin à Bordeaux : vous l’avez surement remarqué, chez Faiseurs de Boite, nous aimons quand entrepreneuriat rime avec respect de l’environnement.
Camille, tu es le créateur de Someone Shoes, quel est ton parcours ?
Je viens de Compiègne. J’ai débuté mes études par une Prépa intégrée d’école d’ingénieur que j’ai arrêtée au bout de la troisième année pour bifurquer en Licence de Gestion Marketing et Management. J’ai ensuite intégré l’école de commerce Sup de Co de La Rochelle.
J’ai attrapé le virus du voyage lors d’un semestre d’étude au Chili durant lequel j’ai passé plus de temps à explorer l’Amérique du Sud qu’à être assis sur les bancs de l’université.
Comment définirais-tu Someone Shoes ?
Someone Shoes, c’est une marque qui propose des chaussures et accessoires, mais qui partage aussi de belles histoires. Nos produits combinent authenticité, qualité et histoires. L’ensemble des chaussures est fabriqué à la main en édition limitée, ce qui nous permet de contre-attaquer le « mass market » et le « surstock ».
Chaque modèle s’inspire d’un voyage ou d’une aventure que l’on partage à travers nos photos et vidéos. La philosophie du voyage et des rencontres est très forte, car nous nous intéressons beaucoup aux gens que nous rencontrons, à leur personnalité et prônons l’ouverture vers de nouvelles cultures. C’est pourquoi nous réalisons des portraits d’ambassadeurs de marque.
Nous travaillons également avec des matières recyclables comme le cuir de poisson, ou le jean.
“Je me sens bien à Bordeaux. Je pense que c’est important de se sentir à l’aise dans un endroit afin de s’épanouir dans son travail et ses projets !”
Collection Printemps / Eté 2014
Comment est né Someone Shoes ?
J’ai créé la société SAS en janvier 2012, mais le projet est né fin 2011 suite à une rencontre avec des artisans indonésiens. À la fin de mes études, j’ai réalisé ma dernière année en alternance au sein d’un grand groupe dans lequel j’étais chargé d’aider des porteurs de projets. J’accompagnais des employés qui avaient des projets d’entrepreneuriat et je les guidais pour finaliser leur business plan.
Cette expérience m’a conforté dans l’idée de me lancer à mon tour. J’ai créé une agence de communication que j’ai développée en Indonésie où j’ai vécu deux ans. Là-bas, j’ai également travaillé un moment dans le domaine de la photo. J’ai d’ailleurs reçu le « Grand Prix Paris Match du Photoreportage » en 2011 sur les oubliés du conflit libyen.
Someone Shoes est né grâce à la rencontre que j’ai faite avec un jeune entrepreneur indonésien de 28 ans, Hazma. Il m’a montré son atelier de confection de chaussures. Cet atelier a été le déclic pour créer mon entreprise. Leur démarche m’a interpellée : leur procédé de fabrication était entièrement basé sur le fait main, préservant ainsi les savoir-faire traditionnels.
Pendant 6 mois, j’ai appris le métier de la chaussure, j’ai travaillé un business plan ainsi que l’image de la marque : je souhaitais intégrer mes passions pour la photo, la création et les voyages dans l’univers de Someone Shoes.
Quand je suis rentré d’Indonésie, j’ai décidé de m’installer à Bordeaux. Je me sens bien dans cette ville. Je pense que c’est important de se sentir à l’aise dans un endroit afin de s’épanouir dans son travail et ses projets. Mais je voulais surtout contribuer à l’économie du pays !
Aujourd’hui, je travaille toujours avec Hazma, et ce, dans le cadre d’une démarche sociale. Son atelier est passé de 5 à 25 artisans. C’est une chose dont je suis très fier ! Hazma forme encore de nouveaux artisans en interne, avec une rémunération au-dessus du salaire minimum. Ce n’est pas seulement un prestataire, mais un vrai collaborateur que je revois régulièrement sur place, en Indonésie.
As-tu composé une équipe de travail en France ?
En France, j’ai une petite équipe de trois personnes (principalement des stagiaires longue durée qui gèrent la logistique, le SAV, etc.) Mon frère et ma copine m’aident énormément en réalisant les vidéos de la marque ainsi que les photoshoot. Pour ma part, j’ai plusieurs casquettes en ce qui concerne la gestion de l’entreprise. C’est d’ailleurs parfois compliqué de gérer à la fois la création et le suivi de production !
Quel est le processus de création d’une collection de chaussures Someone Shoes ?
J’amorce une collection en m’inspirant d’un pays. Je la dessine et nous la shootons dans le pays en question. Nous habillons ensuite le site aux couleurs du pays.
Quand je dessine une paire de chaussure, je fais un petit croquis. Puis, main dans la main avec le patronnier en Indonésie, nous élaborons le modèle de la chaussures. C’est cet échange qui est génial !
“J’ai la chance d’avoir été bien entouré et conseillé !”
Quels sont les clients de Someone Shoes ?
Il s’agit principalement d’hommes même s’il existe quelques modèles pour femmes. 80 % de la clientèle est française et parisienne.
Collection Autonme / Hiver 2015
Arrives-tu à vivre de cette activité ?
Oui, car c’est mon activité principale depuis le début du projet qui a très bien démarré. J’ai cependant fait le choix d’évoluer progressivement. Par conséquent, je dois aujourd’hui relever le défi de structurer l’équipe en embauchant et en développant la distribution.
“Il faut toujours se développer, se structurer et le plus dur reste à venir”
As-tu reçu des aides financières pour la création de Someone Shoes ?
J’ai investi un peu d’argent personnel et obtenu un prêt bancaire pour amorcer la première production. Grâce à mes études et mon expérience d’accompagnateur de projets, j’étais plutôt bien préparé et je savais ce qu’attendaient les banques en termes de business plan.
Depuis la création de Someone Shoes, nous avons multiplié par quatre la production en autofinancement. Je n’ai pas eu de vraie difficulté pour monter la boite, car j’ai la chance d’avoir été bien entouré et conseillé ! Cependant, il faut toujours se développer, se structurer et le plus dur reste à venir !
Collection Autonme / Hiver 2015
Est-ce facile, selon toi, de créer une entreprise en France ?
Je trouve le statut d’auto-entrepreneur très bien, mais les charges sociales sont relativement lourdes pour une société qui souhaite embaucher. Ce qui me gêne le plus, c’est le climat pessimiste qu’il y a en France. Quand on entreprend on a envie d’être encouragé et non freiné par un discours morose ambiant !
Il faut savoir oser pour entreprendre, mais c’est la capacité à s’entourer qui fait la différence.
Qu’est-ce que le projet Someone Shoes t’apporte ?
C’est incroyable de pouvoir vivre de ses passions. Je crée ce que j’aime, ce que j’imagine et je le partage ! Et je suis heureux de témoigner mon expérience auprès d’autres entrepreneurs ou étudiants qui souhaitent se lancer. L’épanouissement et l’enrichissement de mes collaborateurs à travers les missions que je leur confie sont très importants pour moi.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat ?
C’est important de s’entourer et d’avoir des feed-back. Il faut briser l’isolement. Pour ma part, cela s’est traduit en intégrant la pépinière à Darwin où l’on échange, où l’on se conseille entre entrepreneurs. Il faut savoir également structurer ses idées et s’organiser. C’est primordial !
Quel bilan peux-tu dresser aujourd’hui de ton entreprise ?
Quand je vois des gens qui portent mes créations, c’est incroyable ! Mais nous sommes une jeune marque, tout reste encore à faire en matière de structuration et développement. Quoi qu’il en soit, Someone Shoes ne sera pas mon dernier projet !
Une petite anecdote à nous raconter ?
Les stagiaires qui passent chez Someone Shoes ne veulent plus partir ! Dernièrement, un stagiaire a insisté pour revenir pendant deux semaines, car il voulait terminer un projet sur lequel il travaillait. C’est très satisfaisant de voir que des stagiaires peuvent s’épanouir !
Petit, quel métier rêvais-tu de faire ?
Vers 10-11 ans, je pensais déjà à créer une marque de vêtements. Je refusais que mes parents m’en achètent et je préférais économiser pour me procurer une belle pièce tous les six mois.
Un rêve un peu fou’
Aller au Pôle Nord pour shooter mes chaussures !
Someone Shoes en chiffres
120 000 euros
Chiffre d’affaires pour 2015
6
Collections
2000
Paires vendues par an
Crédits photo : Someone Shoes
• Site web de Someone Shoes
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