Séverine et Jérôme nous parlent de leur reportage photographique réalisé dans les bars de Bruxelles pendant la période des fêtes de fin d’année.

Photographes professionnels, Séverine Escobar et Jérôme Poulalier ont crée “Les Autres”, un projet photographique qui a pour but de tirer le portrait d’anonymes, ces “personnes que l’on croise et dont on ne soupçonne pas l’existence.” Pour leur première série,

L’une s’intéresse au portrait, tandis que l’autre aime capter les ambiances. Cette complémentarité a permis au duo de réaliser un premier reportage réalisé dans les bars de Bruxelles. Jérôme Poulalier et Séverine sont en effet parti à la rencontre des gens qui vivent les fêtes de fin d’année en solitaire.

Alors que Séverine habite à Barcelone et Jérôme à Lyon, ces deux passionnés de photo se retrouvent le temps de reportages qui viendront compléter leur projet.

Jérôme a répondu à nos questions et nous en dit plus sur leur manière de travailler et leurs projets à venir.

Qu’est-ce que le projet photographique « Les Autres » ?

« Les autres » est un projet photographique dont l’objectif est de photographier ces personnes que l’on croise et dont on ne soupçonne pas l’existence pour leur redonner la parole et tirer leur portrait.

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Qu’avez-vous souhaité raconter à travers la première série « Les hommes savent pourquoi » ?

Notre première série se concentre sur un milieu qui nous est familier. En effet, nous avons tous les deux été confrontés, de près ou de loin, à ce « mode de vie » qui consiste à se retrouver dans les bars pour discuter de tout et de rien avec ses amis ou des étrangers, autour d’une bière ou d’un verre de vin. À travers cette première série, nous souhaitions partir à la rencontre de ces personnes qui vivent la période des fêtes de manière différente : plus solitaire et isolée. Nous voulions rencontrer ces gens, à qui la majorité d’entre nous accordent généralement peu d’importance.

“Ce projet nécessite de documenter le contexte et l’ambiance de ces bars pour mieux ressentir ce qui se dégage de ces lieux.”

Pourquoi avoir choisi les bars de Bruxelles pour faire vos photos ?

Bruxelles est une grande ville qui regorge de bars équivalents à nos PMU en France et la culture de la bière est omniprésente en Belgique. Nous avons pensé que ce serait un premier volet intéressant et nous étions surtout très curieux de rencontrer ces personnes qui fréquentaient ces bars, outre les étudiants.

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“Albert, belge, membre actif du club de moustache et gagnant du prix internet de la plus belle moustache, rencontré au ‘Jump Bar’.”

Pourquoi travaillez-vous ensemble ? Ce travail serait-il possible à mener en solitaire ?

Nous sommes assez complémentaires. Séverine travaille beaucoup le portrait et crée facilement des liens forts avec ses sujets. C’est primordial pour des reportages comme celui-ci. De mon côté, j’ai toujours aimé travailler sur les atmosphères, d’où mon intérêt pour ce projet qui nécessite de documenter le contexte et l’ambiance de ces bars pour mieux ressentir ce qui se dégage de ces lieux.

Combien de temps a nécessité cette première série de photos ?

Nous sommes partis à la rencontre de ces personnes durant cinq jours afin de nous immerger dans ces lieux et en saisir l’atmosphère si particulière.

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Comment se déroule cette immersion ?

Nous shootons chacun nos portraits photo illustrant l’atmosphère et l’ambiance du lieu. Nous avons nos argentiques à la main tous les deux. Nous rencontrons les personnes au « feeling », en engageant la conversation. Parce que les gens vont et viennent dans ces bars, il faut être capable de saisir l’instant avant qu’un personnage parte inopinément. Il faut également être capable de discuter et de nouer des liens afin d’obtenir un portrait des habitués qui ne se laissent pas toujours facilement approcher.

“Nous vivons de notre passion pour la photographie, ce qui nous permet de développer les photos sur nos fonds propres.”

Comment sélectionnez-vous les photos ?

La sélection des photos s’est fait quelques jours après notre reportage. Assez naturellement, nous nous basons sur le rendu et la qualité de l’image, sa puissance et sur le message qui s’en dégage.

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“Sandra, belge portugaise, qui « aime venir avec ses deux enfants au Barraida Café”.

Le développement de photos à un coût. Financièrement, comment faites-vous ?

Oui, effectivement, le développement des photographies a un coût, mais ce n’est pas si exorbitant que ça. Par ailleurs, nous vivons de notre passion pour la photographie, ce qui nous permet de développer les photos sur nos fonds propres. Tant que le projet n’est pas une commande, nous ne pouvons pas faire autrement.

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“Étienne, belge, qui « a passé 45 ans au Congo et qui aujourd’hui n’a plus personne sauf son fils à Bruxelles », rencontré au bar ‘Le Flagey’.”

Pouvez-vous nous en dire plus sur la/les prochaine(s) série(s) ?

Nous avons attaqué un nouveau travail sur une communauté de gitans, mais la prochaine étape reste l’approfondissement de cette même série. Nous voulons nous appuyer sur un format plus détaillé, plus journalistique, accompagné de vidéo.

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“Colette, belge, qui « s’appelle madame Monsieur, et qui n’aime pas quand son gynécologue l’appelle par son nom en salle d’attente ».”

Vos photos sont-elles exposées ? Où ?

Chez vous, bientôt ? 😉

Une anecdote ?

La bière a quelque peu facilité notre immersion… Au retour de notre reportage, nous nous sommes d’ailleurs mis à la diète. Et ce n’est peut-être pas plus mal que nous ne soyons restés que cinq jours à Bruxelles ! 😉

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“Une âme paisible d’un autre bar qui a voulu nous offrir à boire après la photo.”

Crédit photo : Jérôme Poulalier & Séverine Escobar

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