Rencontre Aésane, créatrice de Lenocip, une marque de sacs faits main raffinés et de qualité.
Avec un père architecte et une mère plasticienne, Aesane Piconel a toujours eu envie d’un métier indépendant et créatif. Après des études d’arts appliqués, cette passionnée de design et de couture s’est lancée. A 26 ans, elle dirige sa marque de sacs faits main Lenocip avec patience et détermination.
Lenocip c’est quoi ?
Ce sont des accessoires de mode, principalement des sacs à main. Je décris mes créations comme des « objets à porter ». Je m’inspire beaucoup de l’univers de la décoration et du design, notamment scandinave. J’aime les matières naturelles, comme la laine, le coton, le cuir. Ce sont les principaux matériaux que j’utilise. J’essaie toujours d’avoir des formes minimales, basiques, épurées. J’imagine toujours que mes créations s’intègrent dans un univers, qu’elles prennent place dans une décoration. Je m’adresse à des femmes qui ont environ entre 20 et 30 ans sensibles au « fait main », aux jolies matières, à la décoration.
Ça ressemble à quoi une journée « type » chez Lenocip ?
Je commence la journée par regarder mes mails et dresser une sorte de « to do list » pour savoir ce que j’ai à faire. Je dois tout gérer, les comptes, les stocks, la communication, etc. L’après-midi, j’attaque la partie couture, fabrication. Je fabrique rarement en grande quantité, je crée au fur et à mesure des commandes et j’essaie d’y répondre le plus rapidement possible avec un délai d’environ une semaine. Mes créations sont visibles sur internet, ou lors de ventes éphémères et salons de créateurs. En fait j’essaie de me faire connaitre sur ces ventes éphémères où je distribue mes cartes de visite. C’est suite à ça que j’ai des retours pour des commandes sur internet !
Peux-tu m’expliquer ton processus de création ?
Je réalise deux collections par an (printemps-été, automne-hiver). Je cherche l’inspiration sur internet ou dans les magazines que j’apprécie. Je regarde ce qui se fait dans la mode ou dans la décoration, j’analyse les formes, les couleurs et les contrastes du moment. À partir de ça, je collecte des images, des couleurs ou des matières que j’assemble sur une planche A3 et je crée ma planche tendance pour la collection à venir. Le résultat détermine mes créations.
Je vais ensuite faire un tour dans les magasins de tissus pour voir ce qu’il y a en termes de matières et de couleurs en rapport avec ma planche tendance. J’achète plein d’échantillons pour voir ce qui s’assemble bien. J’établis ensuite un plan de collection pour déterminer combien il y aura de petits sacs ou de cabas par exemple. Je reproduis les basiques qui fonctionnent bien, mais je les adapte à la saison. Je passe ensuite par des croquis avant de me lancer dans la réalisation de prototypes que je teste par la suite.
« Je ne me voyais pas être salariée d’une entreprise, je voulais être indépendante ».
Quelles ont été les étapes dans la création de ton entreprise ?
J’avais un sac que j’aimais beaucoup. La forme était parfaite. Il s’est abimé et il s’avère que j’avais un petit stock de jolis tissus. Je me suis donc lancée dans sa réparation avec mes tissus. Le résultat m’a plu et je l’ai donc reproduit. Mes amies m’ont ensuite passé commande ! C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que mon envie de créer une marque et d’être indépendante pourrait passer par la création de sacs !
Je me suis inscrite en tant qu’autoentrepreneur, me suis renseignée sur la façon dont je pouvais être distribuée, et j’ai commencé à réaliser ma première collection en 2012 à Bordeaux. Les basiques de Lenocip sont nés ! Une boutique parisienne a pris des sacs en dépôt-vente. C’est là que je me suis dit que j’allais vraiment me consacrer à ma marque, à la développer. Je suis partie vivre et à Paris et j’ai commencé à profiter des opportunités de cette ville, notamment les ventes de créateurs et à me constituer un petit réseau.
Quelles sont tes difficultés en tant que chef d’entreprise ?
De tout faire ! Je suis créatrice, pas comptable ! Il y a beaucoup de choses à gérer en même temps, cela demande beaucoup d’organisation. Il faut aussi autant s’occuper de la communication (photos, réseaux sociaux) que de la gestion des stocks et des commandes. Mais je fais parfois fabriquer une partie de mes créations par un ESAT (Établissements et services d’aide par le travail) parisien. Cela me permet de respirer un tout petit peu plus et d’avoir un peu de stock si besoin.
Nous sommes en plein « Made in France », cela fait-il partie de tes préoccupations ?
Je fabrique en France et si je dois faire fabriquer en plus grande quantité, je resterai là, je ne passerai pas par l’Asie. Je me suis dirigée vers un ESAT parce que je trouve la démarche très bien, mais je ne veux pas mettre ces choix de fabrications en avant. Ce n’est pas avec ça que je souhaite faire ma publicité.
« Notre jeune âge nous permet d’essayer. Cela vaut le coup de tout tenter ! »
Quel est ton parcours ?
Après un bac littéraire, j’ai fait des études d’arts appliqués, et obtenu un BTS Design de produit et une licence en arts appliqués. A côté, j’ai toujours pratiqué la couture. Lors de ma formation, le fait de passer par des tas de maquettes et de ne pas toujours voir le résultat fini me frustrait. Du coup, comme je savais coudre, j’ai suivi des cours de stylisme et de modélisme que j’ai mis en pratique à travers une formation d’un an en lingerie. Et en même temps, Lenocip est né.
Comment t’est venue l’idée de créer ta propre marque ?
Avec une mère plasticienne et père architecte, je ne me voyais pas être salariée d’une entreprise, je voulais être indépendante. Il était évident que je devienne ma propre patronne.
Quels conseils pourrais-tu donner à quelqu’un qui souhaite monter son entreprise ?
De ne pas avoir peur de se lancer et d’aller au bout de son idée, de son projet. Il faut travailler beaucoup, tout le temps ! Notre jeune âge nous permet d’essayer. Cela vaut le coup de tout tenter ! Pour ma part je ne regrette rien. J’aime ce que je fais ! Mon entourage m’a toujours soutenu dès le départ. Sur les salons et ventes éphémères, je rencontre des créatrices avec lesquelles on échange des conseils. Ça me motive !
As-tu des projets pour la suite ?
Je viens déjà de m’installer dans un atelier partagé pour travailler ! Et pour le moment je souhaite garder ma façon d’être distribuée tout en me développant davantage. J’aimerais bien aussi développer une gamme de lingerie, maillots de bain et accessoires de maison. J’aimerais aussi bien trouver des tissus un peu plus uniques, pourquoi pas par le biais de collaboration avec des designers textiles.