Passionné par le motion design, la musique et la scénographie, Loïc a créé son propre studio graphique, le Studio Dittongraph à Poitiers.

Du motion design en passant par le webdesign ou encore la scénographie, Loïc Rousseau est un vrai touche-à-tout. Après avoir joué 8 ans dans un groupe de reggae traditionnel jamaïcain, Loïc reprend ses études en Infographie-Multimédia et, en parallèle, travaille d’arrache-pied le motion design qui est aujourd’hui son cœur de métier.

Basé à Poitiers, Loïc Rousseau a créé sa propre entreprise, le Studio Dittongraph. L’objectif : s’investir avec passion dans des projets qui l’intéressent et s’accorder du temps pour ses projets personnels, quitte à accepter moins de travail.

Conscient de l’évolution rapide des nouvelles technologies, Loïc Rousseau s’interroge constamment sur la manière dont évoluera son métier et son entreprise. Rencontre avec un entrepreneur clairvoyant dont la hantise serait de se reposer sur ses acquis.

Peux-tu te présenter brièvement ?

Je m’appelle Loïc Rousseau. Je suis natif de Poitiers, j’ai vécu une grande partie ici, quelques années à Londres et dans le Périgord noir. J’ai créé mon studio graphique, Dittongraph, en 2010.

Qu’est-ce que le Studio Dittongraph ?

C’est une agence créative digitale spécialisée principalement dans le Motion Design, l’habillage vidéo, les effets spéciaux (FX). Je fais également des prestations en Print, Web et 3D. Mais mon coeur de métier c’est vraiment le motion design.

Studio Dittongraph – Showreel from Studio Dittongraph on Vimeo.

Que faisais-tu avant de créer ton entreprise ?

J’ai effectué un CAP/BEP Vente Action Marchande et j’ai enchaîné sur un Bac Pro commerce. À 20 ans, je suis parti vivre en Angleterre avec un pote (où j’ai plus fait la fête que bossé? ). Je faisais de la musique depuis l’âge de 14 ans et lorsque je suis rentré en France, j’ai fait un DEUG de musicologie, premier cycle conservatoire basse/contrebasse.

J’ai joué dans un groupe qui s’appelait Livin’Soul, jusqu’en 2008. C’était un groupe de reggae traditionnel jamaïcain. On a eu la chance de jouer avec tous les « vieux de la vieille » comme les Skatalites, Max Roméo, les Gladiators et Israël Vibration… Nous avons fait de nombreux concerts et produit 3 albums. Une belle aventure qui a duré 8 ans.

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Pourquoi avoir arrêté la musique avec ton groupe ?

On était sept. Imagine-toi un couple, alors, imagine la même chose avec sept personnes ! On avait tous des caractères bien trempés, donc il y a eu pas mal de prises de bec. Et puis c’était très dur de gagner notre vie avec la musique, surtout à sept.

Qu’as-tu fait lorsque ton groupe s’est séparé ?

J’ai décidé un an plus tard de reprendre mes études. J’ai suivi un BTS Infographie-Multimédia à Issoudun. C’était assez archaïque : je me suis retrouvé dans une piaule de 9m2, dans une sorte d’internat. Durant ma formation, j’ai pratiqué beaucoup de PAO et du développement. J’ai dû travailler dur, car lorsque tu reprends les études, tu assimiles moins que lorsque tu sors du bac. Finalement, j’ai eu mon BTS haut la main.

“J’ai travaillé en agence pendant quelques mois, mais j’ai finalement préféré voler de mes propres ailes”.

Comment as-tu débuté à ton compte ?

Mon diplôme en poche, j’ai travaillé en agence pendant quelques mois. Mais j’ai finalement préféré voler de mes propres ailes. C’est pourquoi j’ai décidé de créer ma boite.

Mon premier projet en tant que freelance a été la création du site web d’un camping que tient un ami à l’île d’Oléron. C’était ma première facture.

Comment t’es-tu spécialisé dans le motion design et la vidéo ?

C’est en parallèle du BTS que tout a commencé. Un ami, Kokou Girault, diplômé des Beaux-Arts de Poitiers, avait réalisé une petite vidéo en motion design pour DJ Troubl’ afin de présenter ses plates.

Cela a été la révélation. Je trouvais ça génial de faire des animations comme ça ! J’ai donc passé trois jours avec Kokou, chez lui, afin qu’il me montre les fondamentaux de l’animation.

Pendant environ deux ans, j’ai cravaché, j’ai essayé, j’ai expérimenté. C’est comme ça que j’ai finalement appris l’animation seul car il n’y avait pas de motion design au programme de mon BTS. C’est ça qui est paradoxal : aujourd’hui le motion design est mon coeur de métier alors que je n’ai jamais fait d’études dans ce domaine-là !

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Pour qui travailles-tu ?

Je travaille principalement pour des agences multimédias et agences de post production basées à Paris qui font appel à mes services. Je travaille ainsi pour leurs clients qui sont souvent de grands comptes. Les agences m’appellent pour faire du motion design, de l’habillage vidéo, des effets spéciaux, des intégrations d’objets 3D, des choses comme ça. En somme, je suis sous-traitant de ces grandes agences.

Comment t’organises-tu pour répondre aux missions de ces agences ?

Pour les projets web, je bosse avec un ami basé à Tours. Il s’occupe de la programmation lourde et du développement tandis que je gère plutôt la partie webdesign et intégration.

Concernant les projets vidéos, je travaille avec mon ami Kokou Girault et Clément Magnin qui sont également bien équipés en matériel vidéo. On fait des clips, des films corporate, des portraits d’artistes ou même des projets personnels et bénévoles. Je collabore souvent avec des amis. Sinon je travaille à 80% tout seul.

“Je suis conscient que les nouvelles technologies se développent très vite et je suis déjà en train de réfléchir à comment me reconvertir”.

Comment vois-tu le métier de motion designer dans les années à venir ?

Avec le motion design, je pense que j’ai trouvé une niche qui a encore de belles années devant elle : la vidéo se développe énormément sur le web, les clients se multiplient. Mais je suis conscient que les nouvelles technologies se développent très vite. Sur des logiciels de la suite Adobe, il y a de plus en plus de techniques qui sont assistées comme la rotoscopie (relever image par image les contours d’une figure filmée pour l’intégrer dans un film d’animation).

Bref, je sais que mon métier évolue extrêmement vite et je suis déjà en train de réfléchir à comment me reconvertir, d’autant plus que je n’ai pas envie de faire de l’exécutif toute ma vie.

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Vers quoi pourrais-tu évoluer ?

Je m’intéresse de plus en plus à la scénographie. J’ai d’ailleurs collaboré en tant que motion designer et scénographe sur le dernier spectacle de Wax Tailor, Phonovisions Symphonic Orchestra. Une tournée de sept dates était prévue en France avec l’accompagnement d’un orchestre symphonique.

J’ai répondu à un appel d’offres. Il s’agissait de créer une animation en motion design synchronisée avec un morceau de Wax Tailor dans le but d’être diffusée sur un écran à LED gigantesque pendant le live. 18 motion designers sont intervenus pour la création des animations. Pour ma part, j’ai créé le motion design du morceau d’ouverture, Phonovisions. Cela a nécessité un mois de travail.

“J’aimerais réunir mes deux métiers, la musique et le motion design, à travers des projets de scénographie comme j’ai pu le faire pour le concert de Wax Tailor”.

Je m’intéresse aussi beaucoup au Mapping vidéo. L’idée est de reformer un groupe de musique avec des potes dans un style plus électro et contemporain et de créer des animations synchronisées à la musique à l’aide de pads pour les diffuser sur des écrans . C’est ce que font d’ailleurs pas mal d’artistes et groupes comme Étienne de Crécy, Ezekiel et Gorillaz

En fait, j’aimerais réunir mes deux métiers, la musique et le motion design, à travers des projets de scénographie. Ce serait mon projet à moyen/long terme.

WAX TAILOR / Phonovisions symphonic orchestra / Phonovisions from Studio Dittongraph on Vimeo.

Qu’est-ce que tu aimes dans le fait de travailler à ton compte ?

On ne s’ennuie pas. Les projets, les problématiques, les clients sont différents, ce qui apporte une vraie dynamique professionnelle. Ce qui me plait aussi c’est la liberté. Si je fais ce métier-là, c’est aussi pour pouvoir maîtriser les projets sur lesquels je bosse et m’accorder du temps pour travailler sur des projets personnels. Je préfère travailler sur des projets qui m’intéressent, plutôt que de me charger en boulot qui ne correspond pas à mes intérêts.

J’ai pris goût au fait de ne pas avoir de patron et d’être complètement autonome. D’ailleurs, je pense que si je devais retourner en entreprise, j’aurais un sérieux temps d’adaptation !

“Je préfère travailler sur des projets qui m’intéressent plutôt que me charger en boulot qui ne correspond pas à mes intérêts”.

Quelles sont les contraintes ?

Le travail est constamment dans ma tête puisque mon lieu de vie est aussi mon lieu de travail. Socialement, je vois moins de monde aussi. J’arrive à voir des amis parce que je suis en ville. Mais j’ai habité en pleine campagne, isolé, et c’était moins évident d’avoir des relations sociales.
Professionnellement, je m’applique à entretenir des collaborations pour ne pas m’enfermer et me reposer sur mes compétences.

As-tu rencontré des difficultés pour créer ton entreprise ?

Non, j’ai créé mon entreprise en trente minutes sur Internet. Financièrement, je n’ai pas eu besoin d’investir, car j’avais déjà un ordinateur. J’ai dû le changer au bout de sept ans et j’ai investi dans un ordinateur qui m’a coûté horriblement cher, mais c’est mon outil de travail. J’ai été amené à faire des emprunts auprès de banques pour acheter du matériel informatique et vidéo et je n’ai pas eu de difficultés pour les convaincre.

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Un conseil à donner à ceux qui souhaitent créer leur entreprise ?

L’auto-entreprise est très accessible, mais il faut prendre le temps d’être sûr de ce que l’on veut faire. L’avantage, c’est que l’auto-entreprise permet de ne pas prendre trop de risques financièrement. Rien ne t’empêche de travailler à côté. En somme, il ne faut pas hésiter à se lancer !

Une petite anecdote à nous raconter ?

Mon premier clip d’animation réalisé il y a déjà 6 ans pour le DJ électro-jazz « Vincil Fromm Ummo » (Vincent) a fait l’objet d’un Staff Pix, récompense attribuée par la plateforme de vidéos Vimeo. Le graphisme était signé SupaKitch (Guillaume) et le morceau s’appelait Saint-Louis. J’étais très content, mais également surpris, car c’était ma toute première création. Et elle était assez naïve, d’ailleurs.

Quel serait ton rêve le plus fou avec le Studio Dittongraph ?

Vu que mon métier me permet de travailler partout dans le monde (il me faut juste une connexion Internet), mon rêve serait d’aller vivre au soleil. J’ai eu un gros coup de coeur pour l’île de La Réunion, où je suis allé deux fois. Je souhaite cependant solidifier mon réseau et mûrir mes différents projets pour pouvoir partir tranquille !

VINCIL FROM UMMO – "Saint-Louis" from Studio Dittongraph on Vimeo.

Studio Dittongraph en chiffres

2010

Création du Studio Dittongraph

20

Projets en motion design par an

5

Projets complets print et web par an

1000

Idées à la seconde

Site web du Studio Dittongraph
Page Facebook du Studio Dittongraph
• Studio Dittongraph sur Vimeo