Rencontre avec Laëtitia, fondatrice de Lamazuna, marque de cosmétiques écologiques, véganes, et solides.

Shampooings solides, lingettes démaquillantes réutilisables, cups menstruelles … autant de produits qui nous permettent de réduire les emballages de notre salle de bain et par la même occasion, de faire des économies. Et ça, Laëtitia l’a bien compris. Cette jeune entrepreneure dans l’âme a créé sa propre marque de cosmétiques écologiques, Lamazuna.

Consommer de façon plus responsable, en respectant l’environnement tout en évitant de s’appliquer des produits chimiques sur la peau, voilà les objectifs de Lamazuna. Armée de ses produits véganes pour la plupart fabriqués en France, Laëtitia entend bien changer nos modes de consommation en menant son combat pour la réduction des déchets du quotidien. Il y a du boulot, certes, mais Laëtitia n’en démordra pas de si tôt.

Laëtitia, tu as créé la marque de cosmétiques Lamazuna. Peux-tu te présenter, brièvement ?

Bonjour ! Je m’appelle Laëtitia Van de Walle, j’ai 30 ans et j’ai toujours rêvé de créer ma propre entreprise, sûrement à cause de toutes les histoires d’entrepreneurs que mon père a pu me raconter dans mon enfance. Lamazuna a été créée il y a maintenant cinq ans !

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Qu’est-ce que Lamazuna ?

Une marque de produits écologiques innovants destinés à réduire les déchets dans la salle de bain. J’ai ajouté deux contraintes à cette mission : que le maximum des produits de la gamme soit fabriqué en France et que tous les produits soient véganes. Je ne commercialise un produit que s’il est plus pratique que son équivalent non écologique, pas question de revenir à des solutions hippies, au contraire.

Que signifie « Lamazuna » ?

Lamazuna veut dire “jolie jeune fille” en géorgien, un nom trouvé par Nika, mon colocataire géorgien de l’époque !

“Lamazuna propose des produits qui ne poussent pas à la consommation, respectueux de la planète autant que de notre corps et quasiment tous fabriqués en France”.

À qui s’adresse Lamazuna ?

Aux personnes sensibles à l’écologie bien sûr, mais également à toutes les autres : comment changer le monde si l’on se contente de prêcher les convaincus ? C’est pour cette raison que nous avons beaucoup travaillé sur les packagings avec ma graphiste, en tentant de nous éloigner au maximum des codes habituels du monde bio. Par ailleurs, on sait que les consommateurs sont très durs à fidéliser. En effet, il y a tellement de nouveautés dans les magasins que Lamazuna est un pari risqué et difficile.

Comment Lamazuna permet de réduire ses déchets ?

À travers Lamazuna, nous proposons un retour aux produits simples qui ne poussent pas à la consommation. Ils sont pensés pour respecter la planète autant que notre corps et sont quasiment tous fabriqués en France.

Par exemple, nos shampooings sont sans sulfate. Du coup, les cheveux graissent moins vite et il n’est donc pas nécessaire de les laver aussi souvent qu’avec les marques habituelles. Résultat, nous vendons moins de produits à nos clients que nos concurrents. Idem pour les cups, qui remplacent les tampons et serviettes hygiéniques pendant 10 ans ou nos lingettes démaquillantes qui ont une durée de vie de 3 ans et démaquillent juste avec de l’eau.

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Quel résultat peux-tu estimer en matière de réduction de déchets grâce à Lamazuna ?

J’ai mis en place une méthode de calcul pour estimer les déchets évités grâce aux produits réutilisables que l’on propose. Nous avons atteint les 3 millions de déchets non produits par mois !

Quel a été le déclic pour créer Lamazuna ?

J’ai toujours voulu créer une entreprise. J’ai monté de très nombreux projets pendant mes études, puis en parallèle de mes premiers emplois. Au final, Lamazuna est celui avec lequel je me suis sentie la plus confiante, car il me ressemble. C’est donc celui que j’ai eu envie de garder et développer !

“Depuis 2013, 2% des ventes de Lamazuna sont reversés à un projet d’agroforesterie au Pérou et plus de 600 arbres ont été plantés !”

Combien de personnes travaillent avec toi ?

Alexandra est ma première salariée et elle a démarré en septembre. Jeanne nous rejoindra début octobre. Si tout se passe comme je l’espère, je vais également embaucher une troisième personne rapidement.

Peux-tu nous parler de ton projet “La forêt Lamazuna” ?

Depuis le printemps 2013, je reverse 2% des ventes du site www.lamazuna.com pour soutenir un projet d’agroforesterie au Pérou. L’agroforesterie a pour objectif à la fois de donner du travail aux agriculteurs en leur fournissant des plants d’arbres comme des cacaoyers dont ils vont tirer un revenu, et à préserver la végétation locale afin de protéger les animaux.

J’avais besoin d’une référence pour sentir si le travail que j’accomplissais avec Lamazuna avait bel et bien un impact ou non sur notre planète et la réponse est oui puisque l’on vient de dépasser les 600 arbres plantés !

Arrives-tu à vivre de cette activité ?

Oui, depuis le mois d’août !

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Financièrement, comment as-tu réussi à monter ce projet ?

Mes parents m’ont donné 2000 euros en plus des 500 euros que j’avais en poche. Pendant 3 ans, j’ai conservé un travail à temps plein puis à mi-temps en parallèle du développement de Lamazuna. Tout ce que je gagnais était réinvesti dans la société, pour pouvoir acheter du stock et développer des nouveautés. Heureusement, ma famille et mon petit ami ont continué à y croire et m’ont soutenue jusqu’à aujourd’hui.

Y a-t-il eu des difficultés lors de la création de l’entreprise ?

Le plus difficile est ce sentiment de rencontrer plus de problèmes que de bonnes nouvelles. Mon fournisseur de lingettes, avec qui tout se passait à merveille, a décidé de changer sa technique de production. La qualité ne me convenait plus. Il a fallu repartir de zéro, trouver quelqu’un d’autre.

Idem avec mon logisticien qui a revendu sa société. Puis, ce fut l’achat de pots en verre qui avaient un défaut de fabrication, etc. J’ai tous les jours l’impression de faire un grand pas en avant et un demi-pas en arrière. C’est épuisant. Heureusement, à la fin de la journée on a quand même avancé d’un demi-pas !

“Être jeune est un atout. Il faut de l’énergie pour se battre contre L’Oréal et Demak’Up”.

Pour toi, est-ce simple de créer son entreprise aujourd’hui en France ?

Oui. Il ne faut pas avoir peur de la partie administrative. Tout est simplifié avec Internet et il suffit d’un coup de téléphone à une chambre de commerce pour se faire aider. Surtout qu’il existe le statut d’auto-entrepreneur pour tester une idée et voir si l’on souhaite aller plus loin par la suite ou non.

Que t’apportes le fait d’être une jeune créatrice d’entreprise ?

J’ai appris à rester zen lorsqu’un colis n’arrive pas en temps et en heure ! Mais j’ai surtout assimilé beaucoup de choses sur les techniques de fabrication de tissus, de shampooings, ou d’un coffret en bois. J’ai également beaucoup appris sur l’aspect commercial. Je suis maintenant consciente du travail que représente chaque produit et de sa vraie valeur, ce qui me donne l’impression de mieux comprendre le monde qui nous entoure.

Par ailleurs, je crois que le fait d’être une jeune entrepreneure est un atout. Il faut l’énergie de la jeunesse pour se battre contre L’Oréal et Demak?Up et avoir la folie de penser qu’on peut faire changer les modes de consommation.

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Un conseil pour ceux qui hésitent à devenir de jeunes entrepreneurs ?

Faites-le ! Parlez-en autour de vous pour faire évoluer vos idées et lancez-vous vite, même si votre site Internet n’est pas tout à fait parfait, même si votre produit n’est pas décliné dans toutes les couleurs que vous aviez en tête.

Lancez-vous dans le concret le plus vite possible, avant de vous essouffler ou de vous embourber dans des questions très secondaires. Et gardez en tête que le coeur de votre métier ne sera pas votre produit ou service, mais sa promotion. Car vous n’arriverez à rien si vous êtes le premier fabricant d’Overboard au monde, mais que personne n’est au courant !

Tes études t’ont-elles aidée à mener à bien ton projet ?

Je pense que je serais allée beaucoup plus vite avec des études de commerce, mais je suis contente d’avoir fait de la communication. Je trouve plus agréable de discuter avec mes clients que de les bombarder de promotions, c’est une autre approche, plus calme, qui porte ses fruits, mais à plus long terme. Donc oui mes études m’ont aidée.

Aujourd’hui, quel bilan peux-tu dresser de Lamazuna ?

Sur le plan humain, avec deux embauches de salariées, nous sommes clairement sur la bonne voie. À nous de travailler dur pour maintenir ces jobs et en créer de nouveaux. Et du côté de la réduction des déchets, arriver à 3 millions de déchets évités par mois me semble incroyable et je sais que l’on va faire plus !

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Vers quoi va évoluer Lamazuna dans les prochaines années ?

J’ai plein de produits en tête pour finir de supprimer les polluants de la salle de bain?, et pourquoi pas s’attaquer ensuite à une autre pièce de la maison ? L’objectif à moyen terme est d’avoir assez de produits différents pour ouvrir une boutique Lamazuna.

Quels sont les moments qui ont marqué l’histoire de Lamazuna ?

Le moment clé a été le mois de mars 2015, lorsque notamment HealthyJuliette, Mamzelle Emie et Idécologie ont présenté Lamazuna sur leur blog. Leurs articles extrêmement positifs ont donné le coup de pouce dont Lamazuna avait besoin. Encore merci les filles !

Une anecdote à nous partager ?

Le premier logo que j’ai dessiné pour Lamazuna était un hérisson. Ultra mignon, mais merci à Damien pour sa remarque : “tu as vraiment envie de te démaquiller avec un hérisson ?”. La preuve qu’il faut parler de son projet autour de soi !

Un rêve un peu fou ?

Que d’autres concurrents fassent l’effort de s’imposer les mêmes contraintes que celles de Lamazuna et que nos produits envahissent les rayons des supermarchés pour que disparaissent les m***** qui nous sont proposées !

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Lamazuna en chiffres

200

Revendeurs dans 10 pays

50 000

Euros de chiffre d’affaires mensuel

600

Arbres plantés au Pérou grâce au projet “La forêt Lamazuna”

300

Articles de blogs ultra positifs !

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Crédits photo : Avy Litoti